Bertille avait envie de rire. Mais c’était un rire nerveux, presque déçu. Si les fantômes n’existaient pas, est-ce que cela voulait dire que la vie après la mort n’existait pas non plus ? Alors qu’elle fixait monsieur Vermoncourt qui s’éloignait d’elle, hurlant toujours ce qu’il croyait être le nom de son chat, elle n’entendit pas le bruit de pas précipités qui venaient vers elle. Elle ne put que sentir deux bras la saisir et des cheveux lui chatouiller le visage. Elle mit un moment avant de comprendre qu’Isabeau venait de lui sauter dessus.
- Tu l’as vue ? C’est bien elle ? demanda-t-elle, alarmée.
À ses côtés, Jimmy, les yeux exorbités, fixait l’ombre de monsieur Vermoncourt oscillant sur sa barque.
Bertille eut un sourire indulgent.
- Pas de panique. Ce n’est que le concierge.
- Noooon ? s’exclama Isabeau, l’air de ne pas y croire, se tournant dans sa direction.
- Le vieux cinglé d’à côté ? questionna Jimmy, dubitatif.
Bertille lui fit les gros yeux.
- Vous vous souvenez, quand on y est allé, il nous demandait si on avait vu son chat Eustache. Je me demandais de quoi il parlait parce qu’Eustache est mort il y a longtemps, quand j’étais petite… Il a dû perdre son chat ici et il vient le chercher, tous les soirs…
- Pas tous les soirs, objecta Isabeau.
- Seulement quand madame Vermoncourt ne le surveille pas, devina Bertille. Je l’ai croisée tout à l’heure, elle m’a dit qu’elle le cherchait…
- Et vous croyez qu’il est où, ce chat ? Vous croyez qu’il est vraiment perdu ? demanda Jimmy, le regard toujours rivé sur monsieur Vermoncourt, toujours aussi méconnaissable de loin.
Bertille fronça les sourcils.
- Je ne sais pas. Le mieux est d’aller le lui demander ? proposa-t-elle.
Ils sortirent du buisson et se dirigèrent vers l’embarcadère, convenant qu’il leur serait plus facile d’interpeler monsieur Vermoncourt depuis là-bas.
Alors qu’ils rasaient la berge, où trempaient les buissons d’arbustes, un mouvement précipité dans les broussailles les fit sursauter.
- C’est rien, les tranquillisa Jimmy. Sûrement juste une chauve-souris.
Ils poursuivirent leur chemin. Bertille resta en arrière, réfléchissant. Elle repensa à ce qui l’avait frôlée juste avant qu’elle ne découvre la vérité sur le fantôme. Un sifflement…
- Il est dans les buissons ! s’écria-t-elle en direction de ses amis.
- Hein ?
- Le chat ! Il se cache dans les buissons. Monsieur Vermoncourt l’a bien perdu ici ! exposa Bertille qui sautillait presque.
- Bien joué Bertille, la félicita Isabeau. Le problème, c’est qu’avec l’obscurité, on ne va rien voir, et même avec la lampe de poche, le chat risque de se confondre dans le décor. Le mieux est d’aller chercher monsieur Vermoncourt et de le ramener chez lui. On lui parlera de tout ça demain ?
Isabeau et Jimmy reprirent leur chemin vers l’embarcadère. Bertille ne les suivit pas. Elle regarda sa lampe de poche, puis le buisson. Souriant, elle braqua le faisceau de lumière vers la berge et balaya les branchages le long de la rive.
Deux points verts s’allumèrent dans l’obscurité. Les yeux d’Isidore, tapissés de matière réfléchissante comme un miroir, brillaient près de l’eau, éblouis par tant de luminosité.
Dire que ses camarades de classe passaient leur temps à se demander à quoi leurs leçons leur serviraient plus tard ! Bertille sourit inconsciemment, se rapprochant d’Isidore à pas de loup. Elle prit son temps pour le rejoindre. Ce n’était qu’un pauvre chaton effrayé, perdu sur une île presque déserte depuis des semaines. Lorsqu’elle arriva tout près de lui, elle éteignit sa lampe et prit Isidore dans ses bras. Le petit corps chaud tremblait contre sa poitrine.
Satisfaite, le chat calmé contre elle, Bertille fit demi-tour et regagna l’embarcadère où l’attendaient ses amis.
Remarques :
— Vous croyez qu’il est vraiment perdu ? demanda Jimmy [Comme il y a déjà « demanda » et « questionna » un peu plus haut, je propose « s’enquit Jimmy ».]
— Le mieux est d’aller le lui demander ? proposa-t-elle. [Même si c’est une proposition qui attend une réponse, ce n’est pas une question ; il ne faut pas mettre de point d’interrogation.]
— convenant qu’il leur serait plus facile d’interpeler monsieur Vermoncourt [d’interpeller, à moins que tu appliques la graphie rectifiée]
— Monsieur Vermoncourt l’a bien perdu ici ! exposa Bertille qui sautillait presque. [Le verbe « exposer » ne me semble pas adéquat ; je propose « expliqua Bertille ».]
— Bien joué Bertille, [virgule avant « Bertille » et point d’exclamation après.]
Merci pour les coquilles !