Chapitre 30

Par Mimi

 

L’objet se trouvait loin sous les racines, pratiquement sous le tronc. Les deux filles dégagèrent ce qui ressemblait à une petite boîte de conserve. Bertille l’attrapa et la secoua. Un cliquettement se fit entendre, comme si la boîte contenait un objet lui-même métallique.

-        La clé, déduisit Isabeau.

Bertille nettoya le bord du couvercle et tenta de passer ses ongles dessous. Malheureusement, son séjour à l’humidité avait grippé le mécanisme.

-        On n’a qu’à essayer avec la pelle, proposa Isabeau.

Elle coinça la tranche de l’outil à la commissure et fit sauter le couvercle.

-        Voiiiiiilà, fit-elle en séparant les deux parties. À toi l’honneur, qu’est-ce qu’il y a dedans ?

-        La clé, confirma Bertille. Et…un bout de papier.

-        Et si on rentrait au cagibi pour le lire ? proposa Isabeau. Tu risques de le mouiller ici.

 

-        « Elle ouvre bien des choses ; et avant tout mon cœur ».

-        C’est tout ?

-        Oui, fit tristement Bertille en repliant le papier. Mais c’est bien son écriture.

Isabeau cala son menton sur ses mains, les yeux plissés.

-        Peut-être que tu devrais ouvrir la boîte-coffre-fort, suggéra-t-elle. Il y a probablement plus d’explications.

Bertille acquiesça et se leva vers l’étagère où était posée la boîte colorée. La serrure du cadenas était un peu difficile, mais moins que l’ouverture du petit récipient qui était resté plus d’un an dans la terre.

Alors que le verrou sautait, Bertille déposa le trésor au milieu des coussins.

-        Qu’est-ce que tu as mis, maman ?

Elle n’y trouva aucun bonbon. Dans son souvenir, cette boîte n’avait jamais contenu autre chose. À la place, un tas de photos plus ou moins vieilles étaient empilées pêle-mêle. En les saisissant et en les retournant, Bertille se rendit compte qu’elles comportaient toutes une inscription au dos.

-        « Ma magnifique petite famille », lut-elle en retournant une photo d’elle et son père en train de faire du vélo.

-        « Le temps file », déchiffra Isabeau, qui avait pioché dans le tas et déniché une photo de Bertille le jour de sa rentrée au cours préparatoire.

Elles lurent ainsi tous les commentaires de la mère de Bertille, jusqu’à atteindre les deux dernières photos de la pile. Bertille essuyait régulièrement ses joues mais insistait pour continuer à toutes les voir.

-        « Au revoir », dit Isabeau en lui tendant l’avant-dernière.

       C’était la dernière photo qu’on avait prise de Bertille et sa mère. Cette dernière avait les joues creuses et le teint pâle, mais ses yeux brillaient de bonheur. Bertille se tenait serrée contre elle, très souriante, cependant déjà un peu perdue.

Voyant l’émotion de Bertille, Isabeau lui reprit doucement la photo des mains. Elle lui tendit la dernière. C’était une photo qui datait du jour de sa naissance. Elle bébé, dans les bras de ses parents, dont les visages ne dissimulaient pas leur bonheur.

« Le plus beau jour de ma vie ».

       Isabeau se rapprocha pour la serrer dans ses bras. Trop émue pour contenir ses larmes plus longtemps, Bertille éclata en sanglots.

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Fannie
Posté le 11/03/2020
Ce chapitre très émouvant donne l’image d’une mère entièrement dévouée à sa famille. Mais je me demande dans quel but elle a caché la clé. Bertille aurait pu ne jamais la retrouver.
Quelques remarques :
— Tu risques de le mouiller ici. [Je mettrais une virgule avant « ici ».]
— Peut-être que tu devrais ouvrir la boîte-coffre-fort [la boîte coffre-fort]
— Bertille essuyait régulièrement ses joues mais insistait pour continuer à toutes les voir [« pour continuer et pour toutes les voir » ou « pour continuer afin de toutes les voir »]
— Elle bébé, dans les bras de ses parents, dont les visages ne dissimulaient pas leur bonheur. [Je ne mettrais pas la virgule avant « dont ».]
Mimi
Posté le 12/03/2020
Merci Donna ! Je suis contente que ça marche bien, en fait j'avais des doutes parce c'est impossible de se mettre à la place de quelqu'un qui sait qu'il va mourir. Je pense qu'on aurait tous des façons différentes de réagir.
Merci pour ton commentaire et tes remarques !
Vous lisez