Chapitre 32

Notes de l’auteur : Bonne lecture !

J’avais chaud.

Autour de moi il n’y avait qu’un désert ardent, vaste étendue de sable doré.

Je marchai, marchai et marchai, mais je ne voyais rien d’autre que du sable, du sable et encore du sable. La chaleur était étouffante, le soleil brûlant. Il faisait si chaud que ma sueur s’évaporait avant même d’apparaître. Et j’avais soif… si soif. Ma bouche était sèche, ma langue rappeuse. Je ne voyais pas le bout de cet enfer.

Je me sentais de plus en plus mal. Des vertiges me faisaient tanguer sur mes pieds, mais je continuai d’avancer, toujours plus loin. Ce désert aurait-il jamais de fin ? J’en doutais aussi sûrement que je doutais de pouvoir croiser autre chose que ces dunes qui s’étalaient à perte de vue. Où donc se cachaient ces oasis dont Vitali m’avait parlées ? Y avait-il seulement âme qui vive dans cet enfer de chaleur ?

Le vent souffla, doux et si agréable sur ma peau brûlée et meurtrie. Je fermai les yeux, profitai de cette sensation de fraîcheur illusoire quand j’entendis ce bruit, ce grondement. Il me semblait en avoir entendu parler, il me semblait le reconnaître, mais j’étais incapable de m’en souvenir. Mon esprit tournait au ralenti, épuisé par cette chaleur insoutenable.

Alors, quand je me retournai, quand je posai enfin les yeux sur l’origine de ce cri effroyable, je me pétrifiai.

Le vent s’intensifia, balayant mes cheveux en arrière, fouettant mon visage du sable qu’il soulevait. Et à l’horizon j’observai, atterrée, la terrible tempête de sable qui se levait. Épuisée, je n’eus pas la force de m’enfuir. Et pour aller où de toute façon ? Il n’y avait rien à des kilomètres à la ronde.

Je m’effondrai dans le sable brûlant, éreintée, et regardai la tempête, immense nuage de sable, fondre sur moi.

Je peux te protéger.

La tempête s’abattit, violente, brûlante. Je me recroquevillai.

Je peux te sauver.

J’étouffai de plus en plus, essayant d’inspirer de l’air mais ne recrachant que le sable dont la tempête me recouvrait, ce même sable qui me lacérait la chair jusqu’au sang, déchirait mes vêtements comme autant de lames.

Abandonne…

— JAMAIS ! hurlai-je à la tempête qui se fit de plus en plus brûlante, de plus en plus violente. Jamais je ne serai ta chose !

Alors meurs !

Le vent cessa brusquement de souffler. Je relevai la tête, la respiration saccadée. Mes poumons étaient en feu, irrités par le sable qui m’étouffait, me faisait tousser et cracher.

J’ouvris faiblement les yeux, et me pétrifiai aussitôt.

La tempête était comme en suspens tout autour de moi, son nuage de particules m’entourant comme la plus imprenable des murailles. Puis, lentement, le sable se rassembla dans un tourbillon d’ocre pour former une immense tête de serpent dont les yeux rougeoyants dardaient sur moi un regard mauvais. Je sentis une sueur froide me couler dans le dos. Le temps sembla flotter quelques instants, immobile, dans un silence terrifiant. Puis la créature fondit sur moi toute gueule béante.

Je hurlai et me réveillai en sursaut. Je regardai autour de moi, paniquée, comme si j’allais soudain découvrir un immense serpent de sable dans ma chambre. Mais il n’y avait rien. J’étais dans mon lit, couverte de sueur. Seule. Je soupirai, soulagée, quand je remarquai un murmure, un rire qui devint de plus en plus fort à mon oreille.

En me retournant, je découvris Ciaran, assis nonchalamment sur mon bureau. Il regardait par la fenêtre, un faible rayon de lune lui caressant le visage. Il souriait, balançant l’une de ses jambes dans le vide.

— Je me demande bien ce que le petit Liam va en penser, s’amusa-t-il sans me regarder.

Je me raidis, serrant les draps dans mes poings.

— Non, pas ça…

Le dieu se tourna vers moi, un sourire carnassier aux lèvres.

— Il est né sous mon égide, très chère, je peux tout lui faire…

Puis il disparut dans un grand éclat de rire.

Je me levai d’un bond et me précipitai dans la chambre de mon petit frère. Je l’y trouvai paisiblement endormi.

Le soulagement que je ressentis alors fut tel que mes jambes manquèrent de céder sous moi. Je m’approchai, un fin sourire aux lèvres et écartai une mèche de cheveux de son visage quand je me sentis blêmir. Mon cœur rata un battement et je plaquai une main sur son front.

Il était bouillant.

— Liam ?

Je commençai à le secouer, mais il ne réagit pas. Je sentais la panique me submerger alors que je me penchais sur lui, essayant de trouver son pouls, de trouver son souffle. Je sentis mon cœur se disloquer et les larmes montèrent. Liam respirait à peine et son poult était bien trop lent.

Je le pris dans mes bras, tentai à nouveau de le réveiller.

— Liam ? Liam je t’en prie, ouvre les yeux ! Ouvre les yeux !

J’avais tellement peur de le perdre lui aussi, qu’il finisse comme Calista, que je ne puisse pas le sauver. Finalement, je me mis à hurler, en pleure, appelant Elora, Marietta ou n’importe qui pouvant l’aider. Je ne pouvais pas le perdre, je ne pouvais pas…

— Pardon… sanglotai-je en le serrant contre moi. Pardon… je suis désolée Liam… je suis désolée… je t’en prie, je t’en supplie… reste avec moi, reste avec moi…

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