— Ce n’est pas à moi je vous dis !
— Bien sûr, c’est tombé dans ton slip tout seul ?
— Quelqu’un à dut me le foutre la d’dans !
— Quelqu’un t’a mis 200 g de beuh dans ton slip sans que tu t’en rendes compte ?
Le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années se tenait devant monsieur Perot et son collègue, les mains menottées derrière son dos. Il fallait se douter que jouer les livreurs pour son ami lui vaudrait des problèmes. « T’inquiète pas Bob, c’est simple » « fait pas ta lopette Bob, c’est un travail comme un autre ». Si, au moins, il n’avait pas voulu impressionner une fille. Elle était tellement cool, jusqu’à ce qu’il lui dise « Hey, regarde ce que j’ai là ». Évidemment, baisser son pantalon pour lui montrer son « paquet » et l’impressionner ne s’avérait pas une idée brillante. Elle ne l’aurait pas giflé en l’insultant de pervers. Et sa malchance légendaire continuait lorsqu’un gendarme en civil vit la scène et intervint. Mais, est-ce que dire « non, mais je suis pas un pervers, je voulais juste lui montrer ça » en montrant la drogue, restait vraiment plus intelligent ? N’importe qui pouvait avoir mis la drogue dans son slip, rien ne prouvait qu’elle lui appartenait. L’un des deux gendarmes ne parlait pas, peut être qu’il le croyait ! Mais oui, il devait essayer d’amadouer celui-ci. Il lui fallait une excuse en béton et tout se passerait bien !
— Une fille m’a sucé tout à l’heure, elle a ptet mit le paquet dedans avant de remettre mon froc.
— C’est pas vrai.. Bon, on en fait quoi ?
Le second gendarme ne répondait toujours pas, il semblait perdu dans ses pensées, peut-être qu’il analysait son excuse. Ou alors il hésitait.
— Cyril ? insista son collègue.
Tiré de force de sa réflexion, le père d’Elena eut un léger sursaut avant de dévisager le jeune homme.
— Balance-moi ça en garde à vue.
— Quoi ? Non, mais m’sieurs l’keuf, c’est pas cool, j’ai rien fait moi !
Tandis qu’un autre gendarme prit la peine de s’occuper du jeune homme, le collègue de monsieur Pérot l’observa, dubitatif.
— Tu as l’air ailleurs aujourd’hui, ça va ?
— Oui oui, tout va bien, je m’inquiète juste pour Elena.
— Pour ta fille ? C’est plutôt pour les autres qu’il faut s’inquiéter.
Cette réaction tira un sourire à Cyril. Il ne pouvait que lui donner raison, sa fille possédait un caractère qui éloignait les potentiels troubles faits. Mais malgré ça, il sentait que quelque chose n’allait pas. Pour la énième fois aujourd’hui, il tenta de la joindre, mais sans réponse. L’horloge affichait 19 h 30 et il travaillait toujours. Il fallait qu’il rentre pour parler à Elena. Quelques jours de congés ne lui feraient pas de mal. Il en profiterait pour se recueillir sur la tombe de sa défunte femme. Cette pensée éclaircit un peu son nuage noir. Alors qu’il s’apprêtait à sortir de la gendarmerie, quelque chose assombrit à nouveau son visage « On a une possible scène de meurtre chez les Laval, un corps a été découvert ».
— Cyril, tu..
Trop tard, le père d’Alya avait déjà sauté dans l’auto et allumé la sirène pour filer sur les lieux du crime.
— Merde ! Dépêchez-vous, on y va !
La voiture de gendarmerie fonçait droit devant, ne tenant en compte aucune limitation de vitesse ou panneau. L’heure l’avantageait, peu de personnes restaient dehors une fois 18 h passées. Lorsqu’il arriva finalement à destination, il freina subitement et sortit sans prendre le temps de couper le moteur. Quelques curieux trainaient devant la maison, osant à peine s’approcher. Monsieur Perot leur ordonna de partir, élevant le ton lorsqu’ils n’obtempérèrent pas. Une fois la voie dégagée, il agrippa son arme, et avança lentement vers le corps inerte près de la porte des Laval. Bientôt, la rue sera cernée par les gendarmes, policiers, ambulanciers, civils et journalistes, ce sera un véritable festival. Il fallait absolument qu’il retrouve sa fille et analyse la scène avant leur arrivée. Par acquit de conscience, il vérifia le pou du père d’Ethan, mais le trou dans sa poitrine, ne laissait aucun doute sur sa mort. Il avait vu beaucoup de choses morbides les unes que les autres, mais jamais comme celle-là. Quelque chose de suffisamment chaud pour cautériser la plait, avait traversé son torse. Il abandonna le corps, prêt à entrer dans la maison, ferma les yeux et prit une grande inspiration avant de s’y engager, sa lampe et son arme dégainée, visant dans la même direction. Les meubles trainaient sur le sol, fracassé en mille morceaux, étalé dans toute la pièce. Des fissures parcouraient le mur. Deux cadavres étendus sur le sol gisaient dans leur sang. Il s’approcha du premier et le retourna pour voir son visage. Un homme habillé bizarrement peut être une sorte de déguisement ? Son poignet arborait une cicatrice. Il semblait assassiné par une lame aussi. Un nouveau corps se trouvait étendu de l’autre côté de la pièce. Cette fois-ci, il s’agissait d’une femme aux cheveux noirs, elle possédait une marque blanche sur le poignet. Il ne la connaissait pas non plus. Pourtant, elle lui disait vaguement quelque chose. Elle ressemblait beaucoup à la mère d’Ethan. Il plongea le visage de la défunte dans sa lumière et leva sa paupière.
— Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Les yeux de fauves de la femme lui valurent un sursaut. Il se releva et recula timidement. Reprenant sa respiration et ses esprits par la même occasion. Il vérifia la cuisine, espérant y trouver les enfants. Puis il se dirigea vers les escaliers et monta lentement les marches. Un léger souffle parcourut son visage et des bruits de pas retentirent. Ses collègues ? Non, impossible, il les aurait entendus arrivé. Des curieux peut-être ? Il redescendit avec précaution, lampe éteinte, son arme serrée entre ses doigts. De là, il pouvait voir l’inconnue. Sa taille et sa cape noire ne donnaient pas confiance. Il ne distinguait pas son visage dans l’ombre de la pièce. Il se tenait à genoux, devant le cadavre du père d’Ethan. Il plongea sa main à travers le corps et en arracha le cœur. Cyril se retint de vomir et tenta de rester silencieux. Est-ce qu’il devait intervenir ? Où devait-il attendre ses collègues ? Le monstre prit l’organe à pleine bouche, léchant le sang qui coulait le long de ses lèvres. En trois bouchers, il le finit pour enfin se relever et se diriger vers les deux autres cadavres. Il plaça son visage au-dessus de celui de l’homme et murmura des paroles incompréhensibles. Quelque chose sortit de sa bouche, un genre de poussière noir qui passa dans celle du corps inerte. Il se déplaça vers la femme et fit la même chose. Les deux se relevèrent, comme si rien ne s’était passé, en pleine forme. Leurs blessures se refermèrent toutes seules.
— Algaesias, merci, firent-ils à l’unisson.
— Le spectacle vous plait-il ?
Le monstre venait de s’exprimer de sa voix sifflante. Faisant dresser les poils du gendarme. C’est à lui qu’il parlait ? Il savait qu’il était là. Il n’avait plus le choix, il devait gagner du temps. Il descendit, et avança doucement, ses armes en avant, pointées vers l’inconnue, puis vers les deux morts vivants, les uns après les autres.
— Ne bougez pas. Je n’hésiterais pas à m’en servir.
Maintenant qu’il la voyait vivante, il en était sur, il s’agissait bien de madame Laval, la mère d’Ethan.
— Catherine, est-ce que c’est toi ? Est-ce que ça va ?
La femme disparut subitement et avant qu’il n’eut le temps de s’en rendre compte, il sentit une lame menacer son cou.
— Je m’appelle Niriel, murmura-t-elle près de son oreille.
Sa voix, sa façon de parler, elle n’avait rien à voir avec la mère d’Ethan. Son corps se pétrifia, il vivait un cauchemar.
— Où.. Où est ma.. ma fille et Ethan..? bégaya-t-il.
— Si vous ne le savez pas, alors vous ne m’êtes d’aucune utilité.
Sur les paroles d’Algaesias, Niriel trancha la gorge de Cyril. Il eut le temps de remarquer la chaleur de la lame avant de succomber.
— Tu ne m’as jamais déçu, jusqu’à présent, Sicario.
— Je suis désolé. Alya était ici pour le protéger et son pouvoir s’est éveillé.
Algaesias resta silencieux. Il se baissa et récupéra une feuille ou était dessiné un arbre.
— Il n’y a pas que ça, il a contrôlé ma lame Expi.
— Caelis.. Fit Algaesias en serrant les dents.
— Je ne sens pas Alya, ils doivent être à Eden.
L’homme à la cape sombre continua de fouiller la maison à la recherche d’indice jusqu’à tomber sur une photo de famille. Il y voyait Niriel, ou en tout cas, ce qu’elle était, avec un homme et un enfant. Certainement Sapias.
— Utiliser le saut avec une personne.. C’est impressionnant, même pour une Sicario. La plupart d’entre vous en sont incapables.
Algaesias tendit la main vers le Sicario, une espèce de racine noire surgit hors de son bras et s’allongea jusqu’à s’infiltrer dans la cicatrice de sa cible.
— Non non non, pourquoi ? hurla-t-il.
— Tu n’es pas assez fort pour affronter un enfant. Je reprends ta seule utilité.
La racine pompait le flux du Sicario qui remontait jusqu’à pénétrer le bras d’Algaesias. Ses veines apparentes, il semblait y prendre plaisir. Il récupéra tout ce qu’il put. Le Sicario, les yeux brûlés, le corps inerte s’effondra, privé de son énergie vitale. Niriel assistait à la scène, horrifié. Elle n’avait aucune affection particulière pour lui, mais le pouvoir de son maître la terrorisait. Ce dernier, une fois son acte terminé, libéra le flux qu’il venait d’absorber pour créer un portail, tandis que des bruits de sirènes commençaient à se rapprocher. Il y pénétra, suivi de prêt par Niriel avant qu’il ne se referme. Quelques minutes plus tard, le collègue de Cyril débarqua dans la maison avec plusieurs autres gendarmes, déjà perturbé par le corps sans cœur de l’entrer. Ils se dirigèrent vers la dépouille de leurs collègues, Cyril. Jamais ils ne sauront l’horreur qui était arrivée dans cette maison. Deux enfants et une adulte disparue, un corps sans cœur et un cadavre de jeune inconnu avec des trous à la place des yeux, le mystère de la ville de Nendal venaient de naître. Avec le temps, il deviendrait une légende urbaine que les jeunes se racontent pour se faire frissonner.