Chapitre 6

Zia émergea lentement de l'étreinte des rêves, les premiers rayons du jour filtrant avec douceur à travers les riches étoffes de la tente qui l'entourait. Les murs ornés de motifs éclatants scintillaient sous la lumière matinale, créant une atmosphère à la fois envoûtante et déstabilisante. Elle s'étendait sur un grand lit luxueux, recouvert de dizaines de coussins aux couleurs vives et chatoyantes, mais un mal lancinant envahissait son crâne. Elle ferma les yeux un instant, désireuse d'éloigner cette sensation troublante de déjà-vu.

En tentant de se redresser, elle réalisa qu'elle ne pouvait bouger, lorsque ses mouvements furent entravés par la douleur sourde qui irradiait de sa jambe blessée. Son regard se posa sur le bandage qui enveloppait la plaie, soigneusement appliqué, mais cela ne faisait qu'accentuer son sentiment de confusion. Qui lui avait fait ce bandage ? Alors qu'elle luttait pour rassembler ses souvenirs, la toile de la tente se souleva brusquement, perturbant le fil fragile de sa réflexion.

Le prince Kaelen fit son entrée, sa silhouette élancée se découpant avec élégance dans l'ombre de l'ouverture. Ses yeux, d'un bleu azur hypnotisant, se posèrent sur elle avec une intensité telle qu'elle en frissonna. Il la scruta longuement, détaillant chaque courbe de son visage avec une curiosité presque palpable. Zia, soudainement consciente de sa nudité, s'empressa de se draper dans la couverture, réalisant avec une humiliation grandissante qu'elle n'avait plus son turban, ce qui trahissait son identité de femme.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du prince, illuminant son visage d'un charme irrésistible. Il s'approcha d'un pas félin, ses mouvements fluides et captivants, comme s'il dansait avec les ombres. Lorsqu'il atteignit le bord du lit, il s'assit avec une nonchalance étudiée et caressa délicatement sa joue du bout des doigts. « Alors, bien reposée, Zayn ? » Demanda-t-il d'une voix suave, comme une mélodie envoûtante. Voyant que Zia ne lui répondait pas, il continua. « Tu ne parles plus ? Pourtant, moi qui aurait tant aimé, encore une fois, entendre ta voix grave, virile et si suave.»

Le sang de Zia afflua à ses joues, une vague de honte et de colère l'envahissant. D'un ton hautain, elle rétorqua, défiant son regard : « Pourquoi ? Préférez-vous les hommes ? » Son audace résonna dans l'air, créant une tension palpable.

Le rire du prince résonna dans la tente, léger et charmeur, comme une brise d'été. « Qui sait ? Peut-être suis-je attiré par quelque chose d'autre, de bien plus captivant... » Il s'approcha davantage, frôlant ses lèvres des siennes, déclenchant une tempête d'émotions dans le cœur de Zia. Dans un réflexe instinctif, elle repoussa avec force Kaelen, le cœur battant à tout rompre.

Un sourire narquois naquit sur les lèvres du prince. «Tu sais qui je suis mais tu ose agir ainsi ? »

« Et qui êtes vous, dites moi ? Une sale ordure qui tue tout ce qui bouge ? »

Visiblement agacé par son refus et son audace, il agrippa sa jambe blessée, exposée à la vue, et appuya brutalement sur l'endroit où la flèche l'avait transpercée. Un cri de douleur échappa à Zia, et elle le fixa, outrée.

Heureusement, leur échange fut brusquement interrompu par l'arrivée d'une silhouette encapuchonnée, apportant avec elle un souffle de soulagement au sein de cette tension électrique. « Désolé de vous interrompre. C'est l'heure du remède. » Zia lança un regard reconnaissant vers l'inconnu, mais celui-ci l'ignora, se concentrant entièrement sur le prince.

« Bien. » Dit Kaelen, qui jusque-là n'avait lâcher Zia du regard. Il prit le bol que le guérisseur lui tendait, puis l'inconnu disparut aussi vite qu'il était venu, laissant derrière lui une atmosphère lourde.

« Tiens, bois ça, » ordonna le prince, tendant le bol vers Zia. Elle détourna la tête, défiant son autorité. « Je ne vais pas avaler du poison gratuitement, merci ! »

Avant qu'elle ne puisse répliquer, Kaelen profita de sa surprise, saisissant fermement ses joues et ouvrant sa bouche avec une détermination inattendue pour y verser le liquide. Zia se débattit, refusant obstinément d'avaler ce remède contre son gré. Le prince, implacable, lui pinça le nez, l'empêchant de respirer, et lui lança d'un ton autoritaire : « Si tu renverses ne serait ce qu'une goutte sur ma couverture, prépare-toi à en assumer les conséquences. »

Ne voyant pas d'autres échappatoires, elle ferma les yeux et accepta son sort, avalant l'immonde breuvage dont le goût amer laissa une empreinte âpre sur sa langue. Elle toussa bruyamment, puis se redressant autant que sa jambe blessée le permettait, elle lança un regard féroce au prince. Ce dernier, impassible, observait sa réaction avec un amusement indéniable.

« Tu vois quand tu veux ! » Le prince toujours autant amusé s'avança vers la chaise près de la sortie de la tente sur laquelle reposait les effets personnels de Zia ; son t-shirt, sa veste, son turban, une dague et enfin sa sacoche. Sa sacoche ! Pris de panique elle demanda

« Vous m'avez fouillé ?» 

Le prince prit ses habilles puis revint vers elle et les déposa sur le lit. « pourquoi ? Tu as autre chose à cacher ? Pour répondre à ta question, bien sûr que oui » 

Le peu d'espoir qui restait en Zia s'échappa comme de la fumée. Alors, il détenait la pierre ? « Bien évidemment » se disait elle.

« Depuis quand suis-je ici ? » osa t'elle demander.

Kaelen ne lui répondit pas mais se dirigea plutôt vers la sortie. 

« Maintenant que tu es réveillée, habille toi pour qu'on puisse enfin parler affaire. J'espère que tu n'as pas oublié notre accord » dit il avant de disparaitre.