chapitre 7

Zia resta là, paralysée, les yeux rivés sur la sortie de la tente, son esprit en proie à une confusion croissante. Le prince Kaelen venait de partir, mais son écho, sa présence imposante, restaient suspendus dans l'air. Elle sentit son cœur s'accélérer, une urgence irrésistible de se libérer de cette oppression.

Ses yeux glissèrent lentement vers ses vêtements éparpillés sur le lit, mais ils s'attardèrent sur la sacoche. Un frisson d'espoir la traversa alors qu'elle s'en approchait, presque machinalement. Mais lorsqu'elle l'ouvrit du regard, un éclair de panique la traversa : la pierre avait disparu. Elle était vide. Son dernier espoir, la seule chance de s'échapper, venait de se volatiliser.

Un souffle court s’échappa de ses lèvres. Kaelen. Bien sûr, il l’avait prise. Il lui avait bien dit qu'elle avait été fouiller. Il savait qu’elle en aurait besoin pour fuir, pour se libérer. Et maintenant, elle n’avait plus rien. Ce n'était plus une simple question d'échapper à ses griffes, c’était une question de survie.

La douleur de sa jambe blessée se réveilla, mais la confusion et la colère montaient en elle, plus puissantes. Elle serra les poings, luttant contre l’émotion qui menaçait de l’envahir. Comment Kaelen avait-il découvert la pierre ? Et pourquoi l’avait-elle laissée là, dans un endroit aussi évident ? Un frisson d'angoisse parcourut son dos. Elle avait été piégée, manipulée, réduite à une simple proie. Il n’était plus seulement un prince, mais un stratège redoutable, un prédateur.

Elle se redressa doucement, sa jambe blessée la faisant souffrir, mais elle ne pouvait se permettre de fléchir. Ni lui, ni la situation ne lui laissaient le luxe de l’hésitation. Elle devait reprendre le contrôle. Quelques instants de concentration, et elle réussit à ignorer la douleur pour se concentrer sur l'essentiel.

Son regard tomba alors sur la cuillère en argent, posée sur le plateau que le guérisseur avait apporté. L’objet brillait, irrésistible, mais elle ferma les yeux pour l’ignorer. Elle ne devait pas laisser son instinc de voleuse prendre le dessus.

« Une cuillère en moins ne fera de mal à personne. Et ce maudit prince ne remarquera rien, non ? » pensa-t-elle. Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres. "Si il s'en aperçoit... ce sera un prix bien modeste à payer. Un début de compensation pour tout ce qu'il m'a infligé. C'est décidé !"

Son esprit se fit plus clair, et son corps plus rapide. Malgré la douleur dans sa jambe, elle se deplacait avec rapidité . Elle fouilla la tente, jetant dans sa sacoche tout ce qui semblait utile, tout ce qui pourrait l'aider à se défendre, à fuir et surtout en or. La sacoche se gonfla rapidement sous le poids des objets, jusqu'à devenir trop lourde. Zia, à contrecœur, enleva quelques babioles sans valeur.

Un bruit de pas dans le sable la fit sursauter. La silhouette de Kaelen se dessina à l’entrée de la tente, sombre et imposante. Il entra sans prévenir, tel un fantôme.

« Tu es prête ? » demanda-t-il, un sourire moqueur sur les lèvres. Il était plus fascinant et perturbant qu’elle n’aurait voulu l’admettre. Chaque geste, chaque mouvement semblait calculé, maîtrisé, et il savait pertinemment ce qu’il faisait. Il exerçait une pression invisible, un poids sur elle.

Zia se redressa, son regard croisant le sien avec une détermination forcée. Elle se força à détendre sa mâchoire, malgré l'angoisse qui bouillonnait en elle. « Pas encore. Qu’est-ce que vous me voulez ? » Sa voix était légèrement tremblante, mais elle réussit à maintenir une contenance.

Il s'approcha lentement, l'air sûr de lui, et ses yeux scrutèrent la pièce avec un intérêt glacé. « Ce que je veux ? » Il répéta sa question comme si la réponse était évidente. Puis, avec une feinte innocence, il ajouta : « Je veux juste discuter de notre partenariat, Zayn. Tu n’as pas oublié, n’est-ce pas ? »

Il fixa alors son sac, son regard devenant incisif, presque triomphant. Un sourire amusé naquit sur ses lèvres.

Zia garda le silence. L'angoisse et l’incertitude l’envahissaient, mais elle savait que l’improvisation serait sa pire ennemie. Il fallait qu’elle garde son calme.

« Je me souviens. » Sa voix était froide, tranchante. « De l'accord. Mais pourquoi cela vous concerne-t-il encore ? Vous avez votre royaume, vos terres. Pourquoi chercher à prendre une ville de plus ? »

Le sourire de Kaelen s'élargit, presque cruel. « Parce que cette ville détient quelque chose de rare, Zayn. Un pouvoir que peu de gens peuvent même imaginer. Une clé vers ce que beaucoup convoitent sans jamais pouvoir l’atteindre. »

Il s’approcha encore, jusqu’à ce que son souffle se mêle au sien, la chaleur de son corps l’enserrant. Un frisson la secoua, mais elle ne céda pas à la tentation de reculer.

« Et s'il arrivait que je refuse ou que je laisse tomber ? » La question, risquée, flottait dans l’air. Mais elle ne pouvait s’empêcher de la poser. La vérité la rongeait, mais il fallait bien faire face à la réalité.

« Heureusement pour toi, ce n’était qu’une hypothèse, n’est-ce pas ? » dit-il, un éclat de malice brillant dans son regard. Puis, d’un ton plus posé, il poursuivit : « Mais j’aimerais qu’on en parle plus en détail. »

Soudain, il se recula, et d’un mouvement fluide, sortit un rouleau de parchemin de sa tunique. Il le déroula lentement devant elle. « Voici l'accord officiel. Les informations contre ta liberté. »

Zia fixa le parchemin, les mots "Taniar" frappant ses yeux. Elle savait que ce n’était pas qu’une simple formalité. Il ne l’avait pas oublié.

L’angoisse monta en elle, mais un cri lointain interrompit ses pensées. Puis un autre, plus proche.

« Qu'est-ce que cela signifie ? » demanda-t-elle, le ton effleurant l'angoisse.

Kaelen plissa les yeux, semblant anticiper quelque chose. Il roula le parchemin avec une nonchalance déconcertante. « Ce n’est rien, juste un contretemps. Mais peu importe. » Il se tourna alors vers la sortie, et avant de franchir le seuil, il lança, détaché : « Nous reprendrons cette conversation plus tard. »

Zia resta là, immobile, le cœur battant. Son esprit bouillonnait, et la panique menaçait de l’envahir. Mais elle savait qu’il était trop tard pour hésiter. Elle n’avait plus d'option que d'aller de l’avant, quitte à tout risquer.