Chapitre 8

Zia observa avec stupeur les ombres mouvantes à l’extérieur de la tente. Les cris s’élevaient dans la nuit, stridents, inhumains. Ce n’étaient pas des hurlements de rage, mais de terreur.  

Elle se risqua à jeter un coup d’œil à travers l’ouverture.  

Les gardes se battaient contre… rien.  

Puis elle les vit.  

Des ombres noires, informes, rampantes, se glissaient entre les guerriers. Elles se mouvaient sans bruit, flottant au-dessus du sol, ondulant comme de la fumée vivante. Elles n’avaient ni visage, ni corps tangible, juste des silhouettes ténébreuses qui s’étiraient et se contractaient avec une fluidité irréelle.  

Un garde hurla en tentant de frapper l’une d’elles, mais sa lame traversa le vide. L’ombre se fondit dans son torse, comme absorbée par sa chair.  

Il s’arrêta net, son cri coupé brutalement. Ses yeux s’écarquillèrent d’horreur, sa bouche s’ouvrit dans un dernier souffle muet, et il s’effondra, raide.  

Sa peau, en quelques secondes, vira au bleu livide.  

Zia recula, horrifiée.  

Partout autour d’elle, les ombres fauchaient les soldats un par un. Chaque fois qu’une d’elles traversait un corps, le résultat était instantané. Pas de lutte. Pas de seconde chance. Seulement un corps qui chutait lourdement au sol, figé dans une mort glaciale, sa peau imprégnée d’un bleu spectral.  

Les gardes encore debout tentaient de fuir, de crier, mais les ombres étaient trop rapides. Elles se glissaient sur eux comme une marée obscure, se propageant de corps en corps.  

Zia sentit son souffle se bloquer dans sa gorge.  

Ce n’était pas une bataille. C’était un massacre.  

Elle attrapa sa sacoche et se dirigea vers l’arrière de la tente, cherchant désespérément une issue.  

Mais soudain, un vent glacial s’engouffra sous la toile, éteignant les lampes d’huile d’un souffle funèbre.  

Puis le silence.  

Un silence épais, pesant.  

Et au milieu de cette obscurité, une voix chuchota.  

Une voix qui n’appartenait à rien de vivant.  

Zia sentit son cœur s’arrêter.  

Quelque chose l’avait trouvée.  

Et il était déjà trop tard pour fuir.  

Un frisson glacial lui parcourut l’échine alors qu’une présence s’insinuait autour d’elle. Ce n’était pas une simple sensation de peur, c’était quelque chose de plus profond, de plus ancien. Comme si l’ombre elle-même s’était penchée sur elle, effleurant sa peau sans la toucher, goûtant sa terreur.  

Elle se retourna brusquement, mais il n’y avait rien. Seulement l’obscurité, épaisse, mouvante, presque vivante.  

Un bruit derrière elle.  

Elle pivota juste à temps pour voir une silhouette s’élever, plus grande, plus dense que les autres. Ce n’était plus une simple ombre. Cette chose avait une forme plus définie, un contour presque humain, mais sans traits, sans visage. Seulement un abîme noir, profond, insondable.  

Zia recula, son pied butant contre un objet. Elle baissa les yeux.  

Un cadavre.  

Le corps d’un garde étendu sur le sol, sa peau d’un bleu glacé, ses yeux grands ouverts sur le vide.  

Elle étouffa un cri et recula encore, son souffle erratique.  

L’ombre avançait. Lentement. Inexorablement.  

Un murmure s’éleva, à peine plus qu’un souffle :  

— Tu ne peux pas fuir.  

Zia sentit sa nuque se glacer. Ce n’était pas une voix humaine. C’était une multitude de voix, entremêlées, comme un chœur lugubre parlant d’une seule voix.  

Elle trembla.  

Non. Elle ne pouvait pas rester là.  

Elle se retourna et se précipita hors de la tente, s’élançant à travers le camp ravagé. Partout, des corps jonchaient le sol, figés dans cette mort étrange, leur peau teinte de bleu spectral.  

Mais il y avait pire.  

Certains d’entre eux bougeaient encore.  

Zia s’arrêta net, horrifiée.  

Les corps des gardes, pourtant sans vie, se tordaient convulsivement. Leurs membres raides tremblaient, comme si quelque chose tentait de les animer.  

Et puis, l’un d’eux releva lentement la tête.  

Son regard vide se posa sur elle.  

Un souffle glacé sembla balayer le camp tout entier.  

Ils revenaient à la vie.  

Ou plutôt… quelque chose revenait à travers eux.  

Les silhouettes sombres s’étaient glissées en eux, les réanimant d’une manière grotesque. Les mouvements étaient maladroits, saccadés, mais ils avançaient, inexorables, leurs yeux vides rivés sur elle.  

Un gémissement s’échappa de ses lèvres.  

Il fallait fuir.  

Elle tourna les talons et courut.  

Derrière elle, les murmures reprirent, plus forts, plus nombreux.  

— Tu ne peux pas fuir…  

Son cœur battait à tout rompre. L’air glacé lacérait ses poumons, mais elle ne ralentit pas.  

Elle ne pouvait pas s’arrêter.  

Elle ne devait pas s’arrêter.  

Car si elle le faisait, elle savait ce qui l’attendait.  

Et ce n’était pas la mort.  

C’était bien pire.

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Aoren
Posté le 26/02/2025
Hello ~

Je trouve que ton style s'est amélioré depuis le début, notamment dans les descriptions, même s'il reste encore quelques répétitions.

Hâte de lire le prochain chapitre ~

Aoren
Plume_jasmin
Posté le 03/03/2025
Salut Aoren !!
Merci de suivre mon histoire !! ca faut vraiment chaud au coeur.
à bientot
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