Assise devant un bol de chocolat chaud et une tartine beurrée, Bertille observait le va-et-vient des enseignants qui récupéraient leurs affaires avant de rentrer chez eux. C’était le problème de ne pas différencier la salle des professeurs de l’école de la cuisine des Fauripré, mais on s’y habituait. Le dernier à arriver était son père qui se postait à la sortie de l’école pour vérifier que tout le monde rentrait bien chez soi et au cas où les parents aient à lui parler.
Ce soir-là, il mettait du temps à arriver, pourtant Bertille avait pris son temps, elle avait même rangé son casier jusqu’à être gentiment chassée de la classe par une Mademoiselle Hélène qui avait des contrôles à corriger.
Bertille mâchouilla le dernier morceau de sa tartine. Elle n’avait pas croisé Isabeau qui avait dû s’impatienter et rentrer chez elle, elle qui savait néanmoins que Bertille prenait son temps pour quitter la salle de classe et qui de plus avait deviné pourquoi. Sa tante devait être à la sortie et elle n’avait pas voulu la faire attendre. Voilà qui pouvait être une bonne explication. Bertille espérait tant qu’elle soit vraie.
Elle enviait tous ces enfants qui avaient leur vie familiale bien séparée de l’école. Vivre à proximité de l’endroit qu’elle détestait le plus était parfois pesant. Elle avait même parfois du mal à s’endormir.
Bertille aspira les dernières gouttes au fond de son bol en fixant des yeux la clé du cagibi qui attendait sagement posée sur son clou. Voilà que venait son moment préféré de la journée, celui qui valait le coup d’attendre que passent les heures de classe.
Elle déposa sa vaisselle sale dans l’évier et attrapa au passage la grosse clé. Elle sortit de la cuisine en sautillant. La porte de la cuisine s’ouvrit en coup de vent et elle sauta dans la cour, s’apprêtant à courir jusqu’à son cher débarras dès que son père refermerait la grande porte. Elle glissa la clé dans sa poche en voyant qu’il était toujours dehors.
Elle se dirigea vers le centre de la cour de récréation à la recherche de Jimmy. Elle l’aperçut tourner autour des platanes, à califourchon sur son vélo qui ne le quittait guère que pour les heures de classe. Il lui adressa de grands signes de la main en la voyant et se dirigea vers elle.
Bertille courut à sa rencontre. Il avait l’air embêté.
- Je ne viens pas au cagibi ce soir, dit-il tristement. Ma mère ne veut pas rentrer trop tard à la maison. À cause de ma sœur.
- Qu’est-ce qu’elle a ta sœur ? Elle est malade ?
À sa grande surprise, Jimmy éclata de rire.
- Oui, complètement folle à lier ! Elle a la trouille parce qu’elle dit qu’elle voit un fantôme flotter sur le lac depuis la fenêtre de sa chambre.
Jimmy et sa famille habitaient en face de la mairie et les fenêtres de leur maison tout en hauteur donnaient sur le lac qui entourait l’hôtel de ville, installé dans un ancien château médiéval.
- Oh, dit Bertille, très intéressée. Tu crois que ce serait le fantôme de Jehanne ?
- Je ne crois pas trop à cette histoire, répondit Jimmy avec un demi-sourire. Je pense juste que le lycée ne réussit pas à ma sœur. Elle regarde trop de films d’horreur avec ses copines.
À l’autre bout de la cour, la maman de Jimmy ferma la porte des toilettes qu’elle venait de nettoyer et fit signe à son fils que le moment était venu de rentrer.
- J’y vais, dit Jimmy inutilement. On se voit demain ?
- Passe le bonjour à ta mère.
Jimmy recula un peu et pédala vers sa mère. Bertille se retourna vers son cagibi. Elle vit avec surprise Isabeau venir dans sa direction. Elle était suivie par M. Fauripré.
- Isabeau va rester un peu, expliqua-t-il. Sa tante finit le travail plus tard et elle n’a pas encore eu le temps de lui faire faire un double de clé. Tu n’as qu’à lui montrer ton cagibi, proposa-t-il naturellement.
Bertile rougit jusqu’à la racine des cheveux alors que son père retournait à l’intérieur de la maison. Isabeau avait un air réjoui.
- Alors, il n’y a vraiment rien dans ce placard ?
- Je veux bien te montrer à condition que tu ne répètes rien à personne, la prévint Bertille.
- Jusqu’ici, je n’ai pas l’impression de t’avoir vendue aux autres, répliqua patiemment Isabeau. Qui était ce garçon ?
- Jimmy. Il est dans ta classe.
- Oui, ça je le savais, mais je ne connaissais pas son prénom, et je ne savais pas non plus qu’il était ami avec toi.
- Sa maman est dame de service, alors il reste souvent le soir avec moi en l’attendant.
Bertille et Isabeau étaient arrivées devant la porte du cagibi. Bertille glissa la clé dans la serrure et se poussa pour qu’Isabeau puisse admirer l’intérieur.
- Oh, fit Isabeau, admirative. Je comprends pourquoi tu préfères garder ça pour toi. On peut entrer ?
- Bien sûr, dit Bertille, soulagée qu’Isabeau aime l’endroit.
Elle referma la porte et rejoignit Isabeau sur les coussins.
- Pourquoi Jimmy n’est pas venu ce soir ? Il n’aime pas cet endroit ?
- Il adore. Mais sa sœur ne veut pas rester toute seule chez eux le soir alors lui et sa mère ont dû rentrer plus tôt que prévu ce soir.
- Elle a quel âge, sa sœur ? voulut savoir Isabeau.
- Quinze ans je crois. Elle dit qu’elle a vu un fantôme sur le lac et ça la fait flipper.
Bertille avait dit cela d’une voix excitée qui l’étonna elle-même.
- Tu te souviens de la légende dont tu m’as parlé tout à l’heure ?
- Oui, mais je dois t’avouer que je n’ai pas tout retenu - ni tout entendu. Il y avait tellement le bazar dans la classe que ton père n’a pas réussi à aller jusqu’au bout de l’histoire.
Bertille se leva et farfouilla dans les étagères à la recherche du livre qui racontait l’histoire de la ville.
- Attends, je vais te la raconter. Tu me diras ce que tu en penses.
Coquilles et remarques :
— et au cas où les parents aient à lui parler [au cas où les parents auraient à lui parler]
— Ce soir-là, il mettait du temps à arriver, pourtant Bertille avait pris son temps [Pour éviter la répétition de « temps », je propose « il mettait long à arriver ».]
— Elle n’avait pas croisé Isabeau qui avait dû s’impatienter et rentrer chez elle, elle qui savait néanmoins que Bertille prenait son temps pour quitter la salle de classe et qui de plus avait deviné pourquoi. [Comme la phrase est longue, je te propose d’ajouter une virgule après « Isabeau » et de mettre plutôt un point-virgule après « chez elle ».]
— Elle sortit de la cuisine en sautillant. La porte de la cuisine s’ouvrit en coup de vent et elle sauta dans la cour, s’apprêtant à courir jusqu’à son cher débarras dès que son père refermerait la grande porte. [Elle sort de la cuisine et la porte s’ouvre en coup de vent ? C’est un peu confus. Je propose : « Elle traversa la cuisine en sautillant, ouvrit la porte en coup de vent et sauta dans la cour, s’apprêtant à courir (...) », ce qui permet aussi d’éviter la répétition de « cuisine » ; en revanche, il y a toujours la répétition de « porte ».]
— J’y vais, dit Jimmy inutilement. On se voit demain ? [Tu pourrais donner une indication moins inutile qu’« inutilement » ;-), par exemple « dit Jimmy, résigné » ou « fataliste ».]
— Bertile rougit jusqu’à la racine des cheveux [Bertille]
— Mais sa sœur ne veut pas rester toute seule chez eux le soir alors lui et sa mère ont dû rentrer plus tôt que prévu ce soir. [Pour éviter la répétition, je te propose d’enlever « ce soir ».]
— Elle a quel âge, sa sœur ? voulut savoir Isabeau [« demanda », « s’enquit », éventuellement « s’informa », mais pas « voulut savoir », qui n’évoque absolument pas la parole]
Merci :-)