Chapitre VI – Hôtes et otages

Notes de l’auteur : en plus de sa langue maternelle (l’ondéen), la protagoniste de ce récit emploie de temps à autres le verlé. Afin de les différencier, les conversations en verlé sont retranscrites en italiques.

Pour autant le clou de cette journée se déroulerait dans les salons du Ministère. C’était là que Martinelle et ses promis échangeraient leurs premiers mots. Réfugiés dans leurs quartiers respectifs, Figuette et Mandar eurent tout juste le temps de changer de livrée avant la grande soirée d’accueil. Elle avait supplié sa mère pour que cette rencontre se déroulât en comité réduit, et obtenu gain de cause ; il n’y aurait qu’une centaine d’invités.

La famille royale arriva grande dernière à la fête et, comme toujours, reçut les meilleurs hommages. Même le balafongiste interrompit son morceau pour faire révérence. Tels des palétuviers surgis de brumes marécageuses, les lustres phlogistiques en quartz rose flottaient dans la fumée des cigares. Il y avait là des généraux, les proches parents des deux familles, mais surtout les aristocrates de la délégation étrangère. Nulle femme n’accompagnait ceux‑ci. Depuis la cérémonie, ils avaient eu le temps de se changer. Quel contraste entre les hardes multicolores qu’ils portaient cette après‑midi et ces vestes évasées à galons, ces culottes en bas de soie ! À leur décharge, ils s’y mouvaient avec naturel. Sans leur relative pâleur, leurs yeux plus allongés et la raideur de leurs chevelures, on n’aurait pu les différencier des Orgéliens alentours.

D’un mouvement de main, Gertraud signifia à sa mère qu’il souhaitait écourter l’attente. La régente Alfrude manda un grand étranger en costume gris souris qui guida auprès d'eux les autres Verlandais. Sa vêture mal coupée, sa mine grincheuse, ses gestes péremptoires laissaient supposer qu’il s’agissait d’un garde du corps ou d’un traducteur. La sobriété de ses atours le vieillissait regrettablement car son visage ingrat, à y regarder de plus près, dépassait à peine vingt ans.

À côté de cet homme sévère s’en tenait un autre, tout juste sorti de l’adolescence. Le cardinal, au bras de la reine, désigna ce dernier d’une paume respectueuse et expliqua à Martinelle :

« Votre Altesse se tient en présence de Shenedjemhotepsekhemnerefkherou le Jeune, troisième de ce nom dans la lignée de la Serpe et avatar sacré de la demi‑déesse Neith. Son titre de clanneret lui confère la dignité du rang princier, puisque sa famille a été élue voilà cent ans à la tête de la Verlande par les autres clans. Ainsi pourrez‑vous vous adresser à lui sous le nom de “prince Shen”.

— Dieux merci », pensa‑t‑elle.

Roncelieu continuait à minauder :

« Et puisque votre humble serviteur ose s'adresser à Son Altesse Impériale Shenedjemhotepsekhemnerefkherou, croyez…

— …“Prince” suffira », le coupa l’interprète à l’accent guttural.

Sans transition, ce dernier s’adressa en verlé au jeune homme qu’il semblait servir :

« Messire, vous vous tenez en présence de Son Altesse Royale Martinelle de Figuette‑Pommeau, quatrième princesse d’Orgélie. »

Le fiancé inclina sa tête. Elle s’était doutée, en découvrant de loin le corps du danseur, que ses dieux‑ancêtres l’avaient bien dessiné. Pourtant cette chorégraphie guerrière avait faussé ses premières impressions ; elle s’était préparée à un colosse paré d’une barbe de trois jours, étouffant sous la masse de ses propres muscles. Or ce Shen était à peine plus grand qu’elle, son physique élancé, et sa peau presqu’imberbe. La finesse juvénile de ses traits, la profondeur de ses yeux gris, les reflets bleutés de ses longs cheveux noirs lui conféraient une beauté quasi‑féminine. Cette surprise enflamma les joues de Martinelle. L'éphèbe lui souriait. Ou peut‑être se contentait‑il de la dévisager avec intérêt. C'était cette rayonnante vivacité qui la mettait en joie.

Le cardinal, fâché qu’on l’eût coupé dans son élan, fit claquer sa langue.

« Princesse, reprit‑il la parole. Je dois également vous présenter…

— Voilà donc le premier de nos otages, l’interrompit à son tour une voix féminine mais familière qui s’immisçait dans la conversation. Il m’a l’air bien docile, ce prince ! Vous le laissez même se promener sans laisse. »

Des exclamations de stupeur retentirent de partout ; entre les nobles assemblés s’avançait Ulrine de Mandar, une assiette de crevettes caramélisées à la main. Ses lunettes exécutaient sur non nez un numéro d’équilibrisme. À sa démarche chaloupée, Martinelle sut immédiatement qu’elle avait trop bu. Excès qui, la connaissant, équivalait à un demi‑verre de rhum pétillant.

« Peut‑être montera‑t‑il une troupe avec les autres prisonniers politiques, dans notre Amplair ? L’idée serait cocasse, s’esclaffa‑t‑elle.

— Vous insultez un grand peuple, s’insurgea de loin sa cousine Guillonne. Présentez vos excuses immédiatement, Ulrine !

— Moi, l’insulter ? Je ne lui reprochais rien.

— Ma fille divague, trancha Ludova avant d’adresser un sourire gêné au prince verlandais. La puissance d’un alcool orgélien se mesure aux imbécilités qu’il fait dire. Daignez pardonner, messire, ce lamentable incident…

— Nous y sommes prêts, madame », répondit pour ce dernier l’interprète.

Et, tout en marchant, il ramassa un pic à glace qui traînait dans le bol à granité. Trop vite pour que la foule pût réagir, le porte‑parole écarta ses voisins, pivota d’un pas leste vers Ulrine et cala la tige d’acier sous son arcade sourcilière. La duchesse s’époumona d’horreur. Sa fille, décontenancée, glapit à son tour et lâcha l’assiette sous le choc. Les crustacés en sauce s’éparpillèrent sur le sol, dans un craquement de porcelaine. Elle tenta bien de reculer, mais l’homme, imperturbable, marcha au même rythme. Son poinçon caressait désormais le dessous de sa paupière gauche.

« Vous nous demandez de fermer les yeux ? Soit, tançait‑il Ludova tout en lui tournant le dos. En échange, l’Empire n’exigera de fermer qu’un seul de ces yeux… à tout jamais.

— Hori, hurla le prince Shen dans leur langue. Qu’est‑ce que tu fais ?

— J’apprends le respect à ta future belle‑famille.

— Éminence, faites cesser ceci, commanda la régente au pontife tétanisé.

— Je ne le p‑puis, bredouilla ce dernier. Nous leur avons concédé le droit de duel lors des accords diplomatiques !

— P‑précisément, bégaya Martinelle le cœur en chamade. S’il faut reconnaître une qualité à l’Empire, c’est la p‑promptitude et la sévérité de sa justice. P‑particulièrement lorsqu’on offense sa famille r‑régnante. Et que vous le vouliez ou non, ma cousine Ulrine en fera bientôt p‑partie. »

Elle s’était rapprochée d’un pas pour déblatérer ces phrases en verlé, par impulsion.

Sûrement aurait‑elle dû adresser un regard à sa mère pour y trouver appui et secours. Pourtant elle n’osait pas se détourner d’Ulrine ; elle avait le pressentiment que, si elle cillait, le sang giclerait aussitôt sur les tapis hermans du Ministère. Surpris qu’elle l’interpelât dans sa propre langue, le fou au pic à glace consentit à tourner vers elle ses yeux globuleux… sans pour autant détourner cette lame improvisée. Il ne la tenait que de deux doigts, mais la fermeté de sa prise augurait d’une précision mortelle.

« Demi‑cousine, corrigea‑t‑il. J’ai ouï dire que cela faisait toute la différence, ici. Votre dirigeante se soucie de son propre sang avant tout, et je gage qu’une prunelle de moins dans l'orbite d’une Mandar ne l’empêchera point de dormir.

— Continuez à asticoter dame Ulrine et je ne manquerai pas de réclamer à l’impératrice votre décapitation, s’emporta Martinelle d’un seul souffle.

— Vous croyez vraiment pouvoir provoquer ma mort ? De quel droit ?

— Celui d’une future membre du clan impérial. »

Était‑elle allée trop loin en proférant ces vaines menaces ? Elle s’était imaginée qu’elle n'avait rien à perdre. Cependant la haine qui agitait désormais le faciès de l’émissaire la terrorisa. Un instant elle crut qu’il allait se ruer sur elle pour l’énucléer en lieu et place d’Ulrine.

Puis cette dernière hoqueta :

« Veuillez m’excuser, je… crois que je vais vomir… »

Et elle tint promesse. Révulsé, son agresseur fit un pas en arrière juste à temps, et la pointe métallique recula du visage de sa victime par ce même mouvement. Ensuite Ulrine s’en alla dégobiller une bile blanche dans une vasque de velouté au concombre. L’assemblée des dignitaires passa en une seconde de la peur au dégoût. La duchesse Ludova manqua de s’effondrer. On aurait été bien en peine d’identifier la cause de cet évanouissement : soulagement, ou honte ?

Le prince Shen se précipita vers dame Ulrine pour la soutenir. Il repêcha à temps ses boucles rousses qui commençaient à s’effondrer dans ce grand bol, désormais insalubre.

« Hori, tu vois bien que ça n’en vaut pas la peine, insista‑t‑il avant de repasser à l’ondéen. Nul outrage envers ma personne ne saurait égaler celui que mademoiselle de Mandar s’est infligée toute seule ce soir.

— À sa place j’aurais préféré perdre un œil plutôt que de souffrir un tel déshonneur… Mais peut‑être que je raisonne en Verlandais, railla ledit Hori.

— Messire, je vous saurais gré de ne point aggraver une soirée déjà… entachée, déclara la régente de sa voix la plus impérieuse. Barnabette, Joséphade ! Rendez‑vous utile et emmenez votre cousine se rafraîchir. Guillonne, faites respirer des sels à votre tante. Que Son Éminence trouve une âme dévouée pour nettoyer tout cela ! Quant à vous, ma fille, j’aurais deux mots à vous dire en privé. Si toutefois Sa Majesté m’y autorise », se rappela‑t‑elle à temps d’ajouter.

Le monarque hocha la tête d’un air halluciné tandis que ministres et grands de ce monde s’empressaient d’attirer l’attention des Verlandais sur autre chose.

Martinelle, le cœur serré, suivit jusqu’aux portes de la salle de cartographie sa mère, qui les referma d’un coup sec. Mains sur les hanches et lèvres pincées, la reine ordonna :

« Jamais tu ne recommenceras.

— Il allait la blesser, protesta Martinelle. Et ce fichu cardinal qui restait planté là…

— Suffit ! Tu n’as pas à mettre en danger ta réputation pour une Mandar. Encore moins ta vie. Alors la prochaine fois qu’une de ces godiches s’enfonce dans une mare de boue, laisse‑la couler. Ça lui apprendra à mieux nager. »

La tête de Martinelle dodelina, tremblante. Elle n’avait pas peur de sa mère ; c’était la chair de poule qu’elle aurait dû ressentir quelques minutes plus tôt, et qui se déclenchait seulement maintenant. Quelle folie elle avait commise ! Voyant que sa fille larmoyait, Alfrude de Figuette la prit dans ses bras.

« Mon petit Miel… Témérité mise à part, je dois admettre que tu as été magnifique, soupira‑t‑elle en lui caressant les cheveux. Tu l’as mouché d’une seule parole, ce faquin. Ton père serait fier de toi. »

On toqua à la porte. La reine exigea quelques minutes. Martinelle s’essuya le nez dans son mouchoir et prit de grandes inspirations. Lorsqu’elle se sentit prête à reparaître en public, elle eut la surprise de trouver, de l’autre côté de la salle d'attente, le prince Shen qui inclinait sa tête en signe de pardon. Robald de Roncelieu se tenait à ses côtés, raide comme un piquet. La régente, d’abord courroucée par cette situation, préféra rapidement s’en accommoder.

« Un premier rendez‑vous bien sinistre, maugréa‑t‑elle. Cependant, puisque Son Altesse Impériale nous rejoint à l’écart de tous, qu’Elle en profite pour faire connaissance.

— Comment, madame ! Ici ? Dans ce… vestibule, se scandalisa le pontife.

— Ils ont la vie à passer ensemble, lâcha la reine qui lui intimait déjà de partir. De tels périples comptent nombre d'escales surprenantes, croyez‑moi. »

Pour la première fois, on laissait Martinelle entre quatre murs avec un homme qui n’était ni son père ni un de ses frères. Le jeune Verlandais se releva. Il fallait qu’il fût souple pour rester penché si longtemps. Sa voix douce s'excusa dans un ondéen moins rauque que celui de son traducteur :

« Hori souhaitait juste sermonner Ulrine de Mandar… il n’allait pas la blesser. Je vous l'assure.

— Ç’avait l’air si réel.

— Oh ! Que nenni. Lorsqu’il crève les yeux des gens qui m’ont offensé, il ne les prévient pas. »

Martinelle mit trop de temps à comprendre qu’il s’agissait d’une plaisanterie ironique. Elle feignit de rire. Le prince Shen dut se rendre compte de sa gaffe, car son teint rosit. En cela les Verlandais trahissaient souvent leurs émotions. Un silence gêné s’installa.

« Vous dansiez magnifiquement durant la parade, hasarda‑t‑elle pour meubler la conversation.

— Ah ! Je suis heureux que ce spectacle vous ait plu. L’impératrice souhaitait un haka plus traditionnel, pour imprimer la puissance de notre clan dans les esprits. Mais je me suis dit qu’une telle démonstration de force ferait mauvaise genre, puisque cette alliance est censée apaiser les conflits. »

Martinelle ne s’en trouvait que plus intimidée. Certes, il avait joué sur la grand‑place un personnage. Cependant c’était bien sa chorégraphie. Elle ne pouvait s’empêcher de le trouver charmant, à l’aune de son spectacle enchanteur.

« Ne vous inquiétez point, messire… Je vous ai trouvé fort martial. Vous avez dû travailler comme un acharné.

— Je danse depuis tout petit. Et vous ? Pardon, se reprit‑il. Question stupide, toute la Cour d’Orgélie danse… c’est bien connu. Désirez‑vous ?

— Quoi ?

— Danser, précisa‑t‑il en proposant son bras.

— Ah, hésita‑t‑elle. Oui, pourquoi pas. »

Elle glissa sa paume dans la sienne, en regrettant ce « pourquoi pas » peu romanesque. Et ils s’en allèrent rejoindre le reste des invités. Le pauvre Shen semblait soulagé d’avoir ainsi écourté leur échange. Sa main longue et dorée n'avait nulle aspérité. On ne l’imaginait faire du mal à quiconque. Martinelle ne ressentirait aucune crainte lorsqu’elle se glisserait sur sa taille, voire ailleurs.

En passant dans les couloirs du Ministère, ils surprirent une dispute à travers la porte entrouverte d’une salle d’eau. La voix d’Ulrine, qui venait de dessouler, tempêtait :

« Je suis fatiguée de ces farces, Maman ! Oui, j’ai traité le prince Shen de prisonnier, et alors ? Peut‑être n’est‑il pas le plus à plaindre… Lui au moins, sa famille l’a lâché sous la pression. On ne peut en dire autant de sa fiancée !

— Tout mariage qui aide notre pays est bon à prendre, la sermonnait la duchesse Ludova remise d’aplomb. C’est pour mademoiselle Quatre un grand honneur, petite sotte !

— Billevesées ! Depuis quand laisses‑tu les honneurs aux autres ? Ces cinq dernières années, tu as placé tous tes sbires aux postes importants. Sauf dans cette alliance à l'étranger, étrangement. Non, ne me mens pas ! Tout se sait à l’Amplair. N'était‑ce pas Barnabette que devait à l'origine épouser ces fichus Verlandais ?

— Joséphade, plus précisément. Vérifie tes sources.

— Alors les Figuette leur donnent une des leurs en remplacement, et tu te laisses damer ces pions sans rien faire ? Ça n'a aucun sens. Sauf si ce double‑mariage n’est pas aussi prestigieux que tu le prétends ! »

Martinelle toussa bruyamment alors qu’elle et son fiancé passaient devant ces latrines. S’il y avait une chose qu’elle détestait, c’était qu’on parlât d’elle dans son dos. Mère et fille se turent derechef en les découvrant. Ulrine s'apprêtait à croasser quelque chose, mais sa mère claqua la porte pour l’en empêcher. Si ledit Shen avait saisi tout le fiel de cet échange, il n’en avait rien montré à Martinelle. Elle le remercia de sa patience.

Ils revinrent à la réception sous les applaudissements ; leur démarche de jeune couple avait dû rassurer les convives. Néanmoins les valses n’avaient pas encore débuté. Martinelle proposa donc au prince de lui présenter plus posément son futur beau‑frère. Elle s’irrita alors de voir le roi papoter avec le cardinal et le fou à lier de tout à l’heure, puis décida d’engager quand même la conversation ; une Figuette ne pouvait se permettre de raser les murs.

« Ma chère sœur, la félicita Gertraud. Nous avons obtenu des excuses en bonne et due forme. Les Verlandais comptent nous offrir leurs meilleurs pur‑sang en réparation ! »

L’horrible Hori s’inclina de quelques pouces. La croyait‑il dupe ?

« Ne vous abaissez point tant, ironisa‑t‑elle. Rien ne saurait gâcher une si belle soirée de fiançailles, pas même dame Ulrine. D’autant que Son Altesse Impériale s’est comportée en véritable gentilhomme, et… »

Son sourire s’évanouit. Elle venait de se souvenir que le prince Shen avait dansé devant elle, sur la grand‑place. Pour la Parade de Dot, son second fiancé avait préféré organiser un spectacle équestre. Or on ne le lui avait point encore présenté. Elle s’en étonna :

« Où diable se trouve l’autre, d’ailleurs ?

— Quel autre ?

— L’autre gentilhomme que j’épouserai, messire ! Celui avec le casque, qui chevauchait cette espèce de grand chat, ce… felnard ? Voilà, c’est le mot. »

Shen ouvrit une bouche confuse. Les sourcils de Gertraud se froncèrent de terreur.

Martinelle leur répondit par un regard tout aussi confus, puis tout aussi terrifié. Lentement, elle détourna ses yeux vers le roquet sinistre qui avait « défendu » son prince. Celui‑ci articula avec morgue :

« “Fel‑ne”. On dit “felne”. Le dictionnaire a‑t‑il assez d’autorité pour vous ?

— Mademoiselle, se récria le cardinal qui serrait trop fort sa coupe de liqueur au marula. Son Altesse Royale se tient en présence du clanarque Mahoukeperhori, fils d’Ahmesnebisi, premier de son nom dans le clan de la Hache. Je m’apprêtais à vous présenter Son Altesse Clanique, mais cet esclandre avec dame Ulrine a interrompu ma pensée, et… »

La honte secoua Martinelle plus fortement qu’une décharge phlogistique. Catastrophée, elle examinait ce malandrin des pieds, fort grands, à la tête, qu’il n’avait rasée qu’à moitié. Ses mains poilues, ses membres trop longs pour son corps râblé, son dos voûté dessinaient une silhouette d’araignée.

« Vous engrosser ne sera pas une partie de plaisir », maugréa Hori en s’éloignant.

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blairelle
Posté le 10/11/2024
Oh c'est mignon, elle tombe amoureuse de son fiancé-qui-n'est-pas-de-la-bonne-religion et se brouille avec son fiancé-qui-est-de-la-bonne-religion... Elle qui pleurait à l'idée de devoir se faire violer par un sauvage infidèle, il semblerait que ce soit le carréiste qui soit le plus à craindre ! Je me trompe ?
Et sinon j'aime beaucoup le fait qu'elle soit très pieuse mais que d'un autre côté quand elle voit la danse de la religion adverse, son premier réflexe est d'admirer et non de crier à l'hérésie.
J'ai hâte de voir ce que va donner le mélange de Shen et Martinelle. Le résultat sera-t-il la fameuse troisième foi ?
blairelle
Posté le 10/11/2024
Ah bah non, il semblerait au vu du chapitre suivant que ce soit Shen le carréiste et Hori le autre-religion. Ou alors c'est toute la famille de Figuette qui s'est trompée ?
Arnault Sarment
Posté le 10/11/2024
C'était peut-être pas clair en effet : dans le chapitre précédent Shen et Hori participent tous deux à la Parade de Dot, qui évoque par certains aspects des mythes de la religion verlandaise. Mais Shen était un peu obligé d'y participer, son statut de prince impérial impose ça. Et puis c'est de l'art, ce n'est pas parce qu'il s'est converti au carréiste qu'il n'a pas le droit de danser un ballet inspiré par l'ancienne religion de son enfance. ;-)

Et oui, ç'aurait été cocasse et tout aussi intéressant que Martinelle s'entende mieux avec le fiancé qui n'est pas de sa religion... Mais patience, l'intrigue réserve quelques surprises de ce côté-là ! Bien vu pour le sens de la "Troisième Foi", je te laisse découvrir le reste du roman pour voir si tu as raison. ^^

Quant à Martinelle, oui, son rapport à la culture verlandaise est... complexe. Elle est très pieuse mais en tant que princesse, son devoir est aussi de s'adapter aux étrangers et de ne pas les offenser. Rôle diplomatique qu'elle prend très au sérieux. Et puis être religieuse n'empêche pas d'être curieuse. Son avis sur les Verlandais va évoluer et on va voir que son éducation ne lui a jusque-là donné qu'un son de cloche...

Merci encore pour ces réactions fournies et toujours aussi intéressantes sur mon texte, c'est un plaisir de les lire ! :-)
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