Chapitre XXVII – Fille de l'air

Lorsque Martinelle et Morgane sortirent de la caravane, les officiers de la horde et les mousquetaires ne manquèrent pas de s’étonner. Ainsi la princesse de Figuette traînait son aumônière par la taille, comme ces vulgaires aubergistes qui ramenaient chez elles les ivrognes ? La prêtresse, à demi sonnée, souriait bêtement. Sa main agitée en l’air signifiait à chacun que tout allait pour le mieux. Par chance, les deux mousquetaires chargés de protéger Martinelle cuvaient leur vin, assoupis près du feu de camp qui jouxtait la roulotte de Guillonne. Elle put donc échapper à leur surveillance. Les Verlandais alentours haussèrent les épaules et retournèrent à la préparation des sacs de couchages. Sans doute croyaient‑ils que ces étranges Orgéliennes s’adonnaient à un jeu.

« Votre roulotte est de l’autre côté, s’étonna la sœur alors qu’ils arrivaient aux abords du campement. Que font vos gardes ?

— Je vous l’ai dit : j’ai un rendez‑vous.

— De grâce, avancez moins vite ! La tête me tourne. »

Du côté ouest, le son d’un cor lugubre signalait à tous la première heure de la nuit. Au pas de trot, elles arrivèrent juste à temps près d’un groupement de tentes désertées à cette heure. Entre celles‑ci avait été isolé un petit coin d’herbage où piaffaient déjà les chevaux d’une large diligence. Ce véhicule trouverait bientôt son usage. Cependant Martinelle devait encore attendre les deux hommes qui voyageraient avec elle cette nuit, jusqu’à Barrante. On ne pouvait qu’espérer qu’ils ne formalisassent pas de la présence de Morgane à ses côtés. Elle aida cette dernière à s’asseoir sur le marchepied. Puis elle vérifia d’un rapide coup d’œil que personne ne les observait au‑dehors.

Les yourtes, collées les unes aux autres, ne laissaient pas un pouce d’espace entre elles. On ne pourrait pas y épier la conversation. À deux pas retentissaient les sons de tambours, flutes et percussions. Un concours de danse battait son plein autour d’un feu de camp. Le boucan des fêtards, qui félicitaient chaque cabriole par des vivats paillards et des cornes d’écume entrechoquées, couvrirait le bruit des conversations non loin.

Tout se passait exactement comme Nakht et Martinelle l’avaient prévu. Il ne restait plus qu’à attendre. Heureusement elle avait déjà sur elle la sacoche qui contenait ce dont elle avait estimé avoir besoin pour la soirée : un pied‑de‑biche pour la malle de Guillonne, bien sûr, mais également une autre bouteille de vin. Elle réservait celle‑ci au prince, bien qu’elle espérât ne pas avoir à la déboucher.

Anxieuse, elle contemplait sa propre haleine qui brillait dans ce clair de lune. Les jours commençaient à raccourcir. Les dames de la horde portaient encore leurs saris. Mais les Orgéliennes se félicitaient d’avoir revêtu ce matin d’épais manteaux d’automne sur leurs robes. Pourtant Hori affronterait bientôt la mort, ou bien l’exil si Martinelle parvenait à ses fins. Pour elle, c’était l’annonce de beaux jours plutôt que d’un hiver. Cette perspective d’acheter son bonheur au prix de la ruine du clanarque la fit frémir d’appréhension. Ou bien n’était‑ce que le froid qui faisait grelotter ses bras ?

« Mademoiselle ! J’ai fait aussi vite que possible, chuchota une voix non loin. Allez‑vous bien ? Le ton de votre missive m’a inquiété… »

En voyant débouler la silhouette de Shen, elle faillit lui sauter au cou. Il recula par réflexe lorsqu’elle s’avança vers lui. Même dans l’inquiétude, ses yeux gris gardaient leur vivacité et leur beauté. Consciente d’avoir commis un impair, elle se confondit en excuses :

« Je me suis mal exprimée, se défendit‑elle alors que ses jambes tressaillaient. Si je vous ai pressé, ce n’est pas à cause d’un quelconque danger. Au contraire, il s’agit d’une occasion en or que nous ne saurions louper. Les guerriers d’Hori, ces danseurs de la Hache… savent‑ils que vous êtes là ?

— Bien sûr que non. Vous avez insisté pour que je leur fausse compagnie.

— Dieux soient loués ! Votre confiance m’honore, très cher. Écoutez, c’est affaire fort simple : votre frère peut nous aider à construire un avenir radieux, ensemble. Toutefois je ne pouvais manigancer cela sans votre accord, comprenez‑vous ?

— Nakht ? Un avenir radieux ? De quoi parlez‑vous ?»

En voyant blanchir la figure du prince, Martinelle comprit que ses plans tourneraient de la même manière qu’ils avaient été manigancés : vite et mal. Il n’aurait pu en être autrement. Shen, à sa manière, pouvait se montrer têtu. Pourtant elle persistait à se justifier :

« Vous n’avez plus à redouter les menaces d’Hori. Il a davantage besoin de vous que vous de lui ! N’est‑ce pas lui qui a assassiné votre père adoptif, tyrannisé votre vie privée, dépecé ce felnon pour nous intimider ? Maintenant que tous ses crimes remontent à la surface, il nous suffit de quelques soutiens pour l’écarter du pouvoir. Si d’une part les clannerets de la Hache le laissent tomber, et si d’autre part votre aîné…

— Vous ne savez pas ce que vous dites », la coupa Shen en criant.

La respiration de Martinelle s’arrêta. Il venait de décrocher la serpe qu’il portait à sa ceinture. La courbe métallique étincelait tel un croissant de lune. Morgane, soucieuse, tenta de se lever. Cependant l’énergie lui manquait, et la boréole faillit s’étaler par terre. Heureusement Shen n’avait nulle intention meurtrière. Le dos tourné à Martinelle, il inspectait les alentours en brandissant des deux bras son arme devant lui.

« Mais qu’avez‑vous fait ? Regagnez votre roulotte sur le champ, insista‑t‑il d’une voix catégorique. Nous ne sommes pas en sécurité ici.

— Ne les effraie pas inutilement », retentit une voix sortie de nulle part.

Martinelle glapit. Une main venait de se poser sur son épaule. En une volte‑face, elle vit derrière elle la mine réjouie du prince Nakht. Depuis quand les observait‑il ? Et par quel prodige s’était‑il faufilé ici en toute discrétion ?

« Son Altesse Royale s’est débrouillée admirablement, la félicita‑t‑il sans lâcher prise sur sa clavicule. À moi de prendre le relai pour la bonne continuation du plan.

— Enlève tes sales pattes de là », rugit Shen avec cette fois‑ci une nuance d’effroi.

Le sang de Martinelle se congela. La jovialité de Nakht, en parfait décalage avec l’agressivité de son frère, lui paraissait maintenant témoigner d’une indifférence inhumaine, monstrueuse. Elle voulut protester. Néanmoins Shen fonçait déjà vers eux. Aussitôt l’autre homme siffla dans les doigts de sa main libre.

D’un air hébété, elle vit trois individus masqués débarquer sur la scène : l’un d’une yourte, l’autre d’une caisse laissée au sol, un dernier du tas de foin entreposé sur la carriole. Dans un tourbillon de paille, d’herbes mêlées et de poussière, tentures et battants furent écartés. Une grande agitation s’ensuivit. Morgane eut la présence d’esprit de sortir son couteau et de foncer vers Martinelle. Elle lui ordonna :

« Mademoiselle, fuyez ! »

Pourtant les instants suivants détrompèrent leurs craintes. Cet assaut ne les visait pas. Les intrus, tous vêtus de noir, se jetèrent sur Shen. Celui‑ci, surpris, dessina dans l’air un arc de cercle avec son arme. Le sang gicla sur l’avant‑bras d’un des malfrats, et celui‑ci s’écroula dans un râle étouffé. Mais déjà ses deux complices s’abattaient sur le jeune Verlandais, dans une mêlée indescriptible. Le corps de Shen disparut sous les leurs. En un instant il se retrouva immobilisé, le nez au sol.

Nakht vit la religieuse qui se ruait vers lui. Il tenta de retenir Martinelle ; son bras s’enroula autour de son cou en écharpe. Alors celle‑ci planta ses dents dans la chair dorée du poignet. L’autre bras voulut l’agripper par la taille, mais elle résista. Morgane arrivait enfin à leur portée, dans un gueulement furieux. Pour éviter sa lame, Nakht dut faire un pas de côté. Il emportait Martinelle avec lui. Mais celle‑ci appuya soudain de tout son poids en arrière. Sa tête et son torse le percutèrent. La douleur le déstabilisa et le déconcentra un moment, qu’elle mit à profit pour s’extirper de sa prise.

Shen se débattait sous le poids de ses agresseurs, qui avaient sorti leurs propres serpes. Ses râles d’impuissance s’étouffaient dans la terre battue. Morgane, en ahanant, se plaça entre Nakht et sa future épouse. En reculant, son dos arqué effleura Martinelle qui se réfugiait derrière elle. Son contact était plus humide et plus froid qu’à l’ordinaire. Ainsi même les boréoles pouvaient suer de terreur.

L’affrontement n’avait duré que quelques secondes tout au plus. Plus que sa rapidité, c’était son silence presque total qui terrorisait Martinelle. Elle n’osait même plus crier à l’aide ; Shen risquait de se faire égorger. Ces hommes en habits sombres n’en étaient pas à leur première tentative d’enlèvement. On les avait entraînés à s’emparer de leurs proies sans faire le moindre bruit. Quand bien même un quidam aurait entendu les quelques exclamations dégagées par cette rixe, celles‑ci auraient été attribuées à des fêtards un peu trop éméchés.

« Je suis désolé de vous faire subir ces désagréments », soupira Nakht en sifflant à nouveau dans ses doigts.

Le buisson le plus proche des deux jeunes filles se mit à bruisser. Morgane, déconcentrée, se tourna vers cette menace. Martinelle sentit alors quelque chose la tirer en arrière. Elle voulut hurler, mais un bâillon entrava aussitôt sa bouche entrouverte. La bande de tissu serrée entre ses dents lui comprimait la langue. D’autres bras inconnus se refermèrent sur elle, la soulevèrent à quelques pouces au‑dessus du sol. Le calibre d’un pistolet s’approcha de sa tempe. Morgane, désemparée, voulut s’élancer vers elle pour la secourir. Elle ne le put pas. On tenait en joue sa pupille.

Chacun des combattants qui pouvaient encore bouger se figea d’un coup sur sa position. Le prince Nakht raclait ses bottes sur une pierre. Durant le combat, il avait manqué de trébucher sur du crottin de cheval. Un autre homme de main sortit d’un buisson pour se placer à ses côtés. Il lui avait fallu pas moins de cinq hommes pour capturer Shen et Martinelle. D’après leurs vêtures, ce devaient être des officiers de moindre envergure recrutés dans la horde et grassement payés. Malgré les cagoules et lunettes qui leur couvraient le visage, leurs mouvements trahissaient l’apprentissage des arts de combat verlandais.

Morgane se retrouvait seule contre tous. Nakht et son garde du corps se trouvaient à quelques toises d’elle tout au plus. Shen et ses agresseurs ne leur prêtaient aucune attention. Loin de se décourager, la combattante dressa une main terrible vers le prince félon. Ses doigts se tordaient comme les serres d’un aigle, en signe de malédiction.

« Si vous croyez pouvoir enlever la princesse…

— Je vous la rendrai saine et sauve d’ici quelques heures, fit mine de la rassurer Nakht. Je m’assure simplement de son silence, car la suite des opérations requiert une certaine discrétion. Mademoiselle, voulez‑vous bien indiquer à votre duègne que vous avez donné votre consentement à tout cela ? Veillez cependant à ne pas crier, mes hommes sont nerveux. Toi, là ! Enlève‑lui le bâillon. »

À ces mots, le faquin qui retenait Martinelle contre lui décala son tissu de quelques pouces sous sa bouche. Ses lèvres ainsi éraflées lui arrachèrent des larmes de douleur. Morgane, sans rien comprendre, risqua vers celle‑ci un coup d’œil. Le bout du pistolet n’avait pas quitté son crâne.

« Ce n’est pas ce que nous avions prévu, sanglotait‑elle. Vous m’aviez dit que nous partions à Barrante négocier un accord !

— C’est bien ce que je prévois, se récria Nakht. D’ici quelques heures, la nouvelle de l’enlèvement de Shen aura fait le tour de la horde. Ce sera le chaos, tout le monde le cherchera. Bien entendu, le clan de la Hache, qui séjourne non loin, sera le premier accusé. L’impératrice retient leur clanarque enfermé, quoi de plus logique pour ses clannerets d’enlever un prince impérial en représailles ? Et c’est là que nous intervenons, ma chère. Nous pouvons leur faire comprendre que Shen pourrait refaire surface, sous certaines conditions. Pour éviter une guerre, ces messires n’auront d’autre choix que de destituer Hori par un vote de défiance et se dédouaner ainsi de tous ses actes. Ne nous limitons pas au seul usage de la raison pour les inciter à se ranger à nos côtés ! Persuadons‑les par la peur. »

À la lueur des braséros, ses yeux grisâtres prenaient la couleur de l’acier en fusion. Martinelle en frissonna, au point de perdre le contrôle de ses membres ; ceux‑ci s’étaient refroidis comme la chair d’un cadavre. Ce n’était pas même la mort qu’elle craignait, mais bien l’enfer. Les Quatre Dieux la précipiteraient à coup sûr dans les tourments les plus atroces pour sa stupidité. N’avait‑elle pas attiré Shen dans les griffes de ce détraqué, exposé son aumônière au danger, et entraîné, peut‑être, le clan de la Hache dans une guerre qu’on l’accuserait à tort d’avoir déclenchée ? Elle avait cru qu’Hori vouait à Nakht une aversion maladive, jalouse. En vérité c’était elle, qui, aveuglée par sa haine pour le clanarque, avait refusé de considérer ses motivations sous un angle plus stratégique.

« Je vous en supplie, hoqueta‑t‑elle. Cessez ceci, au nom de l’amour que vous… prétendiez me porter. Je n’ai jamais voulu de toute cette violence !

— Bien sûr que si, la nargua Nakht. Pourquoi charger un être tel que moi de votre avenir ? Croyiez‑vous vraiment vous débarrasser de votre ennemi tout en soulageant votre conscience ? Si vous ne supportez pas mes méthodes, c’est votre problème. Et de toute manière, il est trop tard pour faire machine arrière.

— Trop tard pour vous, intervint Morgane dont la voix claquait comme un fouet. Rappelez vos hommes, messire. Je vous tiens en mon pouvoir, et ils n’auront pas le temps de vous sauver. La punition divine s’abattra sur vous dès la seconde où je l’aurais décidée. »

D’un grognement, Shen se tortilla au sol en signe de dénégation. Un de ses ravisseurs le fit taire d’un coup sur la tête. Les jambes de la religieuse tremblaient comme des brindilles sous sa robe transparente. Les forces lui manquaient, mais elle comptait emporter Nakht dans son dernier souffle. Celui‑ci se contentait de croiser les bras, dédaigneux.

« Ignorez‑vous que le sang est constitué d’eau ? Je vais vous ébouillanter, décréta Morgane qui redoublait de colère. Vous allez sécher comme une vieille éponge moisie, risible mâle !

— À votre place, je n’en serai pas si sûr… sorcière.

— Que me traitez‑vous de sorcière ! Les Quatre Dieux m’ont béni !

— Ne prenez pas ce terme pour une insulte, chère collègue. Dans la bouche d’un ensorceleur, c’est une marque d’estime. »

Alors que Nakht avouait sa vraie nature, son adversaire poussa un cri de rage et d’indignation. Les doigts de la duègne se refermèrent. Nakht leva son poing au même moment. Les yeux de chacun attendirent le miracle.

Rien ne se produisit.

Sans comprendre, Morgane continuait à fixer des yeux le prince, comme si ce simple regard pouvait le faire cuire, le vider. Elle voulut dire quelque chose. Mais sa gorge ne dégagea qu’un souffle rauque. Ses lèvres gercées ne dégageaient aucune salive. Avec horreur, elle vit le bout de ses doigts se flétrir, se couvrir de ridules. Toujours la main dressée, Nakht s’en moqua :

« Un conseil : avant d’intenter un duel, mieux vaut d’abord déterminer à quel type de magicien on a affaire… Cela évite de commettre certaines bévues, comme, par exemple… lancer un mauvais sort sur l’apprenti‑conjureur du clan impérial ? »

Dans un râle inhumain, la religieuse tomba à genoux. Ses mains amaigries touchaient son cou serré. Tout dans sa physionomie se desséchait. Cette fois‑ci les doigts de Nakht exécutèrent un mouvement grâcieux. En un tournemain, il sembla imprimer sa volonté sur la peau de Morgane. Celle‑ci commença à rosir, à rougir, jusqu’à s’enflammer de croûtes purulentes.

« Quelle magie démentielle sommeille en vous, rit‑il. Et quelle quantité d’énergie trouve mon art à manipuler ! Plus le sort est puissant, plus le sorcier est talentueux, et plus le contre‑coup de l’anti‑magie est dévastateur. Hélas ! M’auriez‑vous visé d’une simple balle de pistolet, ou lardé d’un couteau, je n’aurais rien pu faire contre vous. »

Dans un cri silencieux, Martinelle vit l’épiderme de sa protectrice se craqueler. Des cloques blanches en tombaient déjà, les muscles se révélaient sous l’épiderme brûlé. Morgane ne bougeait déjà plus.

« Ne t’inquiète pas, petite grue ! Tu vas rejoindre les Quatre Dieux que tu aimes tant. Dans le néant, puisqu’ils sont faux… Mais c’est déjà plus que tu ne mérites. »

Et il ouvrit sa paume.

Alors le sang s’échappa dans l’air en fumerolles. La vapeur ensanglantée se répandit partout. Bientôt le corps de la religieuse exsuda un épais nuage de volutes rouges, jusqu’à ne faire plus qu’un avec cette masse granuleuse. Morgane disparut pour n’être plus que fluide vital, qui s’évanouissait déjà dans l’air. Seule subsistait sa robe sacrée, qui flottait en direction du sol. Les gouttelettes résiduelles retombèrent à leur tour. Tout fut éclaboussé dans cette dernière explosion.

Les paupières de Martinelle clignèrent, aspergées par cette projection rougeâtre. Les yeux plein de sang, elle sentit dans sa bouche béante un goût métallique : celui de Sœur Morgane. Il ne restait rien d’elle. Des sbires alentours aux yourtes immaculées, tout était taché. L’habit bleu nuit de Nakht avait viré au violet. Il ramassa l’aube de la religieuse, et s’en servit pour essuyer son visage.

« La désagrégation des créatures magiques n’est pas dépourvue d’une certaine beauté, sourit‑il d’un air contemplatif. C’est drôle… Lorsque j’ai atomisé ce felnon qu’Hori vous avait apporté, j’ai pu séparer ses éléments constitutifs : os, chair, nerfs… Mais dans le cas de cette carréiste, le corps tout entier s’est liquéfié d’un coup. On prétend que les boréoles sont des vagues qui ont pris forme humaine… Nous en avons ici la preuve. »

Martinelle n’avait plus la force de hurler. Flasque comme une poupée de chiffons, elle entendit à peine Nakht qui s’approchait d’elle pour lui dire :

« Ne la pleurez pas, ma chère promise. Je vous protègerai bien mieux. »

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