"Ils" ne m'aiment pas ?

 

Je ne bouge pas, focalisant mon esprit embrouillé sur le contact du tissu rugueux sur ma peau, pour m’empêcher de divaguer. En redressant la tête, je croise son regard. Mes yeux s’encrent dans les siens pendant un temps certes, infime, mais où j’ai l’impression d’être connectée à elle. En silence, ses yeux lâchent les miens et elle se relève pendant qu’un mouvement près de moi me perturbe. Elle échange un regard discret avec le garçon, et il s’approche.

– T’es qui ? Qu’est-ce tu fous là ? redemande-t-elle, avec un peu d’inquiétude dans la voix.

Son langage tranche bizarrement avec son ton doux. Un petit sourire triste étend mes lèvres et je me lève. Elle a de grands yeux expressifs et vifs, malgré la noirceur de ses iris. Une douce odeur émane d’elle et me chatouille les narines tandis qu’un petit sentiment de réconfort m’envahit.

Je souffle et et change compulsivement de jambe d’appui pour tenter de me calmer. Son ami semble nerveux ; il nous fixe. Je sens qu’elle observe avec attention mon visage et mes cheveux, tout comme son compagnon.

– Où suis-je ? articulé-je, en essuyant les traînées humides laissées par mes larmes

Bien que joviale, elle semble penser à quelque chose qui la perturbe et ses yeux se voilent une fraction de seconde.. Son mutisme dure peu de temps :

– À côté d’la forêt. T’es d’où ? demande-t-elle, avec un air interrogateur.

Adès remue la queue de mécontentement alors qu’il me fixe. Je ne sais quoi lui dire tandis qu’elle se lève, et je remarque beaucoup de bijoux et breloques dans ses cheveux châtains clairs qui cliquettent à chacun de ses mouvements.

Il se dégage d’elle une force et une vraie fierté. Je pivote la tête, mes yeux se lèvent et se figent une seconde sur l’astre brûlant. Je ne sens rien, et ma peau n’arbore aucune marque. Pendant quelques secondes, mon esprit bout sans comprendre. Comment se fait-il que je ne ressente rien ?

La jeune fille pose une main froide sur mon épaule, et je tourne violemment la tête vers elle. Son regard interrogateur et surpris me sonde avec calme. Doucement, les brumes perturbants mon esprit s’envolent et je me frotte les fesses avec lenteur, afin de détacher les grains de sable restés collés. Je tente de la rassurer et elle acquiesce tranquillement. Sans en connaître l’origine, je détecte un malaise dans leur attitude à eux deux, et craint que ce ne sois de ma faute.

De drôles d’odeurs inconnues envahissent mes narines frémissantes. Je soupire et me frotte les yeux, avant de me tourner vers la jeune fille, alors que le garçon est toujours en retrait.

– D’un endroit… très loin, me décidé-je à répondre.

Je ne peux pas le dire, ils ne me croiraient pas. C’est invraisemblable comme histoire, ça. Ils me prendraient pour une folle.

– On est en roulotte. Moi, c’est Kailine et lui, mon frérot, Mel. Tu fous quoi là ?

Je me sens agressée par ces mots, mais apaisée par son ton, c’est étrange. Et leurs prénoms sont peu communs, bien que jolis. Le regard blasé de son frère semble voir à travers mon esprit alors que je remarque leur absence de ressemblance physique. Ils échangent un regard appuyé, et Mel s’avance.

– Moi, c’est Céleste. Ravie de vous rencontrer. Être là, n’est pas… voulu, lâché-je, finalement.

Elle acquiesce et me demande d’attendre un instant, donc j’en profite pour observer à nouveau ce qui m’entoure. Je lève les yeux vers le soleil mais les détourne rapidement car malgré la carence de conséquence sur ma peau, sa luminosité reste importante. Un bruit de fond, comme un souffle de vent me parvient aux oreilles et je tente de l’identifier. J’entends qu’ils discutent à voix basse en me lançant de petits regards de temps en temps. Je ne sais pas trop où me mettre, et je remarque qu’Adès me regarde.

– Ça va mieux ? demande-t-il, très naturellement.

Oh mon dieu ! Comment ai-je pu, ne serait-ce qu’une seconde, oublier mon chat ? Il parle ! Mon chat parle ! Je deviens folle ! Je me tourne néanmoins face à lui, et le fixe. Je m’accroupis pour être à sa hauteur, ce qui semble le vexer. Ai-je rêvé ?

– Tu parles ? Comment… ? je demande finalement, mon cœur battant la chamade.

Ma question paraît lui déplaire ; je ne lui ai pas répondu.

– Je fais vibrer mes cordes vocales, comme toi.

Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire devant cette réponse nonchalante.

– Que se passe-t-il ? Que s’est-il passé ? On est où ? Pourquoi tu parles ? je débite, la gorge nouée par l’appréhension.

Mon chat parle. Je ne vais pas pouvoir m’habituer.

Il va pour me répondre quand une bourrasque me déstabilise, et je sens l’air chaud sur ma peau. Imperturbable, il me lance :

– Tu es en Gaelia, bienvenue.

Je fronce les sourcils et m’agenouille. Le sable me gratte les mollets à travers mon pantalon, mais je l’ignore.

– C’est quoi, Gaelia ? C’est toi qui m’as entraîné ici ? Et qu’était-ce, ce miroir ?

La panique commence à déteindre sur ma voix. Il s’apprête à me répondre mais Kailin s’approcher, Mel la suivant de plus loin. Je me remets aussitôt debout, frottant sous mes cuisses et mes fesses. Elle s’arrête et me demande d’un air gêné si elle ne nous a pas dérangé.

Je secoue la tête alors qu’Adès râle. Je me triture les doigts et laisse mon regard divaguer.

– Où sommes nous, exactement ?

Elle se tourne vers les montagnes et ouvre la bouche mais son frère la devance.

– Dans la forêt d’Lalbalta, pas loin d’Gor Draka. Tu comptes pas t’cacher, toi, remarque-t-il, avec un air de reproche non dissimulé. Et balance l’blaze d’ta ville.

Pourquoi devrais-je me cacher ? Il semble méfiant mais sa sœur lui sourit et pose sa main sur son épaule. Ils attendent tout les deux une réponse et je lance un regard à Adès, qui fait sa toilette en m’ignorant. Il ne m’aide même pas.. ! Je reporte mon regard sur mon interlocuteur :

– Je viens de loin, vous ne connaissez pas, j’ignore tout de cette région, je réponds, hésitante. Et pourquoi devrais-je me cacher ? Vous n’aimez pas les étrangers, ici ? je demande, presque agacée par son ton et son langage.

Je les fixe tout les deux, et ils font de même. J’attends à mon tour une réponse qui ne vient pas.

Kailin remet une mèche derrière son oreille et son frère fait rouler un cailloux du bout du pied sans que je ne puisse décoder quoique ce soit dans leur comportement.

– Azy, pourquoi tu mens ? Et joue pas trop, pourquoi tu t’caches pas ? demande-t-il en articulant chaque syllabe comme si j’étais une attardée.

Je remarque l’ironie de cette attitude, et reprends plus calmement. Adès saute sans bruit sur un petit rocher et s’assoit tranquillement, yeux à demi fermés.

– Ne me prends pas comme une idiote ! Et tu ne connais pas le nom de ma ville, et lorsque je te dis que j’ignore pourquoi, je ne mens pas !

Sa surprise transparaît dans ses grands yeux, ainsi que dans ceux de Mel.

– Gaelia, c’not’ île. Y’en a quatre autres.

Je ne comprends toujours pas vraiment... J’acquiesce tout de même. Où ais-je bien pu atterrir ? Mon incompréhension à son paroxysme, je cogite.

– Tu viens de Loddona? lâche-t-elle, hésitante.

Son frère lui lance un regard de reproche mais elle hausse les épaules.

– Non, pas de là-bas. Comment s’appelle le président ? Et la capitale ?

Peut-être saurais-je quel pays est-ce. Normalement, je les avais toutes apprises. Je me prépare presque à la révélation, sentant mon cœur accélérer. Mon visage se tend en même temps que mes poings se serrent, alors qu’elle répond :

– Azy, viens. On va pas tailler le bout de gras là. La roulotte est à côté. On parl’ra là-bas.

J’acquiesce et les suit, Adès sur les talons.

– Merci infiniment, répété-je sur le chemin jusqu’à leur véhicule.

La reconnaissance laisse place à la sidération devant leur moyen de transport, autant moyenâgeux que futuriste, malgré sa beauté.

Composé d’un pavé principal, où est fixé une porte en bois rouge, et d’une fenêtre longue et peu haute, disparaissant à l’arrière du véhicule, il est coloré de couleurs vives et joyeuses, de dessins et d’arabesque azur, jaune poussin ou encore vert pomme. Sur le toit, une petite barrière en ce qui semble être du métal, reluit sous le soleil, partiellement assombrit par une petite ombrelle que je devine, n’en voyant que l’extrémité. Sur la façade avant, une sorte de banc épais jaune et bleu, séparé du sol par deux bons mètres, me semble divisé en deux par un accoudoir à côté duquel sont posés deux objets indistincts, semblant contenir quelque chose de fluorescent. Je remarque une courte échelle vert pomme sur la façade visible afin d’accéder au toit, coupant la fenêtre en deux. Et les quatre roues semblent tout droit sortir du Moyen-Âge, contrairement aux objets lumineux.

Mon esprit est subjugué par autant d’étrangeté, et ma bouche ne produit aucun son. Une fois ayant retrouvé la parole, je m’exclame !

– C’est magnifique !

Ma remarque plane dans l’air et s’y évanouit, ne provoquant qu’un sourire chez Kailine, qui m’invite à entrer. En entrant, je détaille la pièce d’un coup d’œil curieux.

Deux lit en bois superposés le long de la paroi d’en face, un petit canapé molletonné au fond, en demi-cercle autour d’une table ronde et élégante, ainsi qu’un meuble à ma gauche, et une bassine en bois, ressemblant vaguement à un évier, forment le gros de l’ameublement. Douillet et rassurant. Les mots qui décrivent le plus précisément et avec le plus de véracité cet intérieur beau et confortable. En face de moi, une sorte de « cabine » fermée, par une porte rouge gravée.

– C’est chez vous ? questionné-je, un peu bêtement.

– À ton avis ? réplique Mel, en s’affalant sur le divan, posant ses pieds sur la table, secouée d’une légère vibration.

– Mel ! Tes godasses!

Kailine lui fait les gros yeux depuis le palier, puis se tournant vers moi :

– Pose toi bien.

Je m’exécute, et m’assois sur ledit canapé. Je ne suis pas très à l’aise alors qu’Adès s’installe bien confortablement sur mes genoux.

– La capitale, c’est Allia. Et c’est quoi un président ? réponds finalement Kailine, en venant s’asseoir, après avoir fermé la porte.

Je ne connais pas cette capitale, Allia. Je sais tout de même qu’elle n’existe pas. Et elle ignore ce qu’est un président... Je constate avec désarroi que Mel ne semble pas plus savoir.

– Celui qui gouverne, qui règne. Le roi, peut-être ?

– L’empereur ? Eoghan, réponds Mel, en s’approchant. D’où tu sais pas ça ? Et t’es chelou, t’es une « fille de la Lune »!

Une fille de la Lune ? Qu’est-ce ? Il parle de mon albinisme ? De la lune, c’est parce que je suis blanche ? J’ai bien remarqué qu’ils m’observaient, Mel avec moins de discrétion que sa sœur. Si normal pour moi, j’oublie souvent que c’est surprenant aux yeux des gens. Leurs regards me sondent, le mien semblent particulièrement les captiver ; Kailine passe sa main dans ses cheveux en fixant les miens. Mes lèvres s’étirent en un sourire amusé, et je m’approche, en tenant une de mes mèches dans ma main. Elle pose sa main dessus, seulement, Mel commence à s’agacer et repose sa question, avec plus d’agressivité, faisant reculer sa sœur.

– Oui, je suis albinos, et alors ? Quel est le problème ?

– Albinos ? C’est quoi ? demande Kailine, sous le regard de son frère.

– C’est comme ça que l’on nomme ce que j’ai, chez moi. Vous, c’est fille de la Lune, c’est ça ? je réponds, intriguée.

Leurs mouvements de tête simultanés me le confirme et mes yeux se plissent soudainement. Un lien dans mon esprit me fait porter l’attention sur le fait, que je n’ai rien sentit tout à l’heure, quand j’étais au soleil. Je fronce les sourcils, et vais pour demander, mais me retiens ; ne l’alourdissant pas cette situation, nous verrons ça plus tard. Et si cela se trouve, ils n’en savent pas plus que moi... Je réfléchis, mais est interrompu par un miaulement fort.

Je reviens immédiatement sur terre, et vois que Kailine m’a servit un verre… d’eau ? Le liquide jaunâtre ne m’inspire absolument pas confiance et j’ignore comment réagir.

– J’résume. Tu déboules de nulle part, tu sais pas où t’es, tu sais rien d’ici et t’es larguée. C’est chaud… ronchonne Mel, on croisant les bras.

- Je suis navrée de vous importuner.

Kailine me fait un sourire réconfortant, et prend une profonde respiration.

– J’vais conduire. Faut bouger. Reste là, c’est carré.

Elle se lève, sort, et referme rapidement la porte. Indécise, je l’imite finalement et me dirige vers une petite trappe sur la paroi opposée, après avoir posé Adès sur le canapé. Mel ne bouge pas, mais je sens son regard dans mon dos. La trappe cache une vitre, où je vois le dos de Kailine. Elle se retourne et ouvre la plaque transparente, puis s’installe tranquillement.

– Qu’est-ce ? m’enquière-je, scrutant le fameux objet lumineux étrange.

– Un câble qui donne mon énergie à la caisse. Y’a aussi « magiligam », ou un truc dans le genre, comme blaze. T’es vraiment paumée, toi...

Quelle est cette histoire d’énergie ? Ils utilisent leur énergie pour faire avancer le véhicule ? C’est bien ce que j’ai entendu ? Où ai-je atterris ?

– Quelle énergie ? questionné-je, au risque de paraître attardée.

Je sens un tremblement, et devant mes yeux estomaqué, le sol commence à défiler lentement. Nous avançons sans traction ! La roulotte garde un parfait équilibre, alimentée par le tuyaux dans lequel je vois des sortes de remous de la où il est accroché au bras de Kailine, vers la partie qui disparaît sous le banc.

– Humaine, celle qu’est dans nous… répond-elle, surprise, ses yeux m’interrogeant.

L’énergie humaine pour faire avancer le véhicule….. Accrochée aux rebords de la trappe, le cou tout étendu, je prends quelques secondes à cogiter, remettant mes neurones en marche. Je lui lance un petit regard désolé, ne sachant pas quoi dire. Un semblant de naturel dans le ton, je lui demande simplement où nous allons.

– La ville la plus proche, y’a des potes à nous. Faut acheter à graille aussi.

J’acquiesce autant que je peux, vu la position dans laquelle je suis.

– Des amis ? Je ne dérange pas ? m’inquiète-je.

Elle agite vivement la tête et je suis secouée par un virage rapide. Comment dirige-t-elle ? Les mains posées sur ses genoux, elle n’a ni guidon, ni rênes… Je soupire, et les mains crispées sur la bordure en bois, je réfléchis comme je peux.

Je suis arrivée dans un endroit étranger à cause d’un miroir, avec des inconnus. Mon chat parle et je ne réagis pas au soleil. C’est normal. Tout est normal. Parfaitement normal !

Subitement, je pense à une question qui pourrait tout à fait m’être utile :

– En combien sommes-nous ? lâché-je, toujours agrippée à mon rebord en bois.

Elle prend un autre virage avec une facilité déconcertante, tout à fait stable sur un véhicule aussi bizarre. Concentrée, elle fronce les sourcils, et me regarde sans comprendre.

– En combien ? L’année ?

– Oui, c’est ça ! soulagée qu’il y ait au moins ça, ici.

– J’sais pas. Y’a que les cassos là haut qui savent. Même Eoghan, y sait pas, j’suis sûre, lâche-t-elle, avec une moue de mépris non camouflée.

Ma joie retombe immédiatement, et je soupire de désarroi. Je porte mon attention sur la seule chose que je connaisse : la forêt. Bien que j’ignore totalement la nature et le nom de ces arbres colorés, ils sont magnifiques, et je les observe comme je peux. Elle file devant mes yeux concentrés, et je sens un petit point dans ma gorge. Un nœud se forme, et je toussote.

– Ça roule? questionne Kailine.

– Parfait, merci, je réponds, la poitrine tremblante.

Je veux rentrer chez moi.

Ma réflexion s’envole à l’instant où j’aperçois les sommets pointus et arrondis de ce que je suppose être la ville. Comme un souffle d’émerveillement qui me balaierait le visage, je reste bouche bée devant cette beauté.

Nous sommes encore loin de la ville, mais les toits qui apparaissent à l’horizon, comme sortant d’une brume imaginaire, apparaissant mystiquement, m’émerveillent. Je ne peux bien voir, alors je me précipite à l’autre fenêtre, ne prêtant même pas attention à Mel que j’ai failli bousculer.

La ville apparaît peu à peu, les toits aux formes longilignes, ou complètement arrondies, comme les toits de l’Italie antique. Du brun foncé au jaune or, en passant par le bleu ciel, les murs et les toitures colorent le paysage avec subtilité. Les épines étriquées plantées aux sommets d’un haut clocher, tranche avec la rondeur presque irréelle des bâtiments variés.

À mesure qu’on s’approche, j’aperçois de mieux en mieux les rues pavées, les silhouettes humaines, les magasins étranges. Une grande allée semble séparer la ville en deux, d’où découle une myriade de chemins et de ruelles disparates, où s’engagent les habitants, sans hésitation.

Nous tournons autour d’un immense bosquet, et c’est la découverte.

Un vent me balaie subitement le visage, et le brouhaha me parvient aux oreilles, ainsi qu’une variété d’odeurs indistinctes me chatouille les narines. Les sons des pas, le tintement des cloches, la mélodies des oiseaux, la chorale de voix, tout ça réunit en une masse de notes, éparpillées dans l’air chaud et sec. Une odeur de viande grillée me fait sourire, et je vais pour rester là, mais Mel me tire vers l’arrière et je me retourne.

– Te montres pas, me dit-il, presque gentiment.

– Pourquoi ? C’est parce que je suis albinos, « une fille de la lune » ? Vous n’en avez pas ?

– Si, malheureusement, lâche-t-il en se rasseyant. J’t’insulte pas, c’est les autres qui vous aimes pas vraiment.

Je m’assois donc, et tente de percevoir quand même les effluves et les bruits, de l’intérieur. Pourquoi dois-je me cacher à ce point ? Que se passe-t-il avec les albinos, ici ?

– Pourquoi dois-je me cacher ? Et pourquoi ils ne nous aimes « pas vraiment » ? je demande à Mel, assis à côté de moi.

– Faut pas qu’on te voit. Attends qu’on te dise. Et fais pas la conne, obéis.

J’obéis quand même, me fiant plus à eux qu’à moi, pour l’instant. Je suis secouée par un remous violent et m’affale presque sur le canapé, poussant Mel, qui me redresse avec brutalité.

– C’était quoi ? Ah, ce sont les pavés ? demandé-je, après m’être stabilisée.

– Ouais, ç’secoue. On va sortir, tu rest’là. Y vaut mieux pour toi, okay ? On t’dira quand c’est bon.

J’acquiesce, totalement dégoûtée de ne pouvoir visiter cette ville si belle ! Pourquoi ? C’était la seule chose que je voulais faire...! Je ricane et me reprends immédiatement.

– Non, mais Céleste, quand même ! me dis-je à moi-même.

Mel se retourne et me fixe avec un regard de jugement. Je sens l’arrêt complet du véhicule, et Kailine entre quelques secondes après.

– Grouille, on a pas la journée, lance-t-elle à son frère. Céleste, tu reste ici, c’est mieux, d’accord ? On est pas long. Amène toi ! lâche-t-elle, de nouveaux à Mel.

Ils sortent tout les deux, et je soupire. Ça va être long si je ne peux pas sortir. Je me lève et ferme les rideaux, après que quelques personnes aient frôlés le véhicule.

– Pas trop perdue ? taquine Adès, avec un ton narquois.

– Quoi… ? Pas trop perdue ? J’ai pas demandé à être là, je te signale ! C’est de ta faute tout ça ! EXPLIQUE-TOI !

Une peur rageuse me prenant l’estomac, je sens les larmes monter, alors qu’il me fixe sans broncher. Je me lève, et commence à déambuler comme je peux dans cet espace restreint, comme un lion en cage. Je ne devrais pas m’énerver, je le sais, ça ne sert à rien.

– Désolée…. je marmonne, dos à lui.

Après quelques minutes à attendre dans le silence, où j’ai fini par m’asseoir, la porte s’ouvre et je sursaute. Mon corps se lève par réflexe et reste immobile lorsqu’un inconnu rentre. Entendre les voix de Kailine et de Mel dehors me rassure un peu, mais je reste tendu devant ce… géant. Il doit baisser la tête et courber ses épaules de bœufs, sous ce plafond bas.

– ...Bonjour…. je lâche sans conviction.

– Tss, c’est vrai, gronde-t-il en me fixant de la tête au pied.

Kailine rentre derrière et me fait signe d’approcher. J’attrape brusquement Adès qui feule de surprise. Il accepte finalement que je le serre contre ma poitrine tremblante et rejoins Kailinee qui me met une cape sur les épaule et la tête. Nous sortons et entrons précipitamment dans une grande maison, suivies de l’Ours qui ferme derrière nous.

La porte claque vivement et elle enlève la cape pour la poser sur la table.

 

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ludwigsburg21
Posté le 05/03/2025
C'est extra! J'adore cette univers...ET le coup d'Ades parant c'est adorable.
Je vais lire la suite !!!!
L'univers est riche et coloré et les personnages surtout la petite fille de la lune touchante.
C'est un plaisir a lire
J'adore l'idée de l'auto alimentation du véhicule.
Un petit coté matrix !!!
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