Chapitre 7 Nim 1942
Le silence était pesant, presque menaçant. Nim avançait à pas feutrés, retenant son souffle à chaque craquement du parquet sous ses pieds. La porte de la chambre de son frère était entrouverte, juste assez pour qu’elle puisse se glisser à l’intérieur sans un bruit. Son cœur battait à un rythme effréné, mais elle refusait de céder à la peur.
L’idée qui s’était immiscée en elle depuis quelques jours, grandissant comme un feu incontrôlable, la poussait désormais à agir.
Elle n’avait pas encore trouvé le courage d’en parler à Anna ni à Chloé, mais elle savait qu’elles avaient deviné quelque chose. Lorsqu’elles s’étaient revues trois jours auparavant, leurs regards n’avaient pas été les mêmes qu’avant. Il y avait eu une tension nouvelle, une compréhension tacite. Pourtant, Nim ne leur avait rien dit de ce qu’elle planifiait. Ce qu’elle s’apprêtait à faire était insensé, dangereux… mais nécessaire.
Elle referma la porte derrière elle et se retourna vers la pièce. La chambre de son frère était rangée avec une rigueur presque militaire. Pas un objet ne dépassait, pas un vêtement n’était laissé au hasard. C’était bien son genre. Mais où aurait-il caché cette maudite lettre ?
Son regard balaya la pièce. Une pile de livres soigneusement empilés sur le bureau, un tiroir fermé à clé, une armoire sans aucun désordre apparent. Nim s’agenouilla et ouvrit les tiroirs du bureau un à un. Des feuilles, des notes, des stylos… mais aucune trace de la convocation. Son frère ne l’aurait pas laissée en évidence. Il n’était pas stupide.
Elle ouvrit l’armoire et fouilla les poches de ses vestes. Rien.
Son agitation grandissait. Elle commença à déranger des affaires, à soulever des papiers, à chercher dans les endroits les plus improbables. Mais toujours rien.
— Où est-elle ? murmura-t-elle pour elle-même, les mains tremblantes.
Son regard se posa sur le lit. Quelque chose clochait. Les draps semblaient avoir été remis en place à la hâte, comme si quelqu’un avait caché quelque chose dessous. Nim sentit son estomac se tordre. Était-ce là ?
Elle tendit la main, prête à soulever le tissu, quand une voix glaciale retentit derrière elle :
— Qu’est-ce que tu fais là ?
Nim se figea. Elle n’avait pas entendu la porte s’ouvrir. Lentement, elle se redressa et se tourna vers son frère. Il se tenait dans l’embrasure de la porte, les bras croisés, son regard dur comme de la pierre.
— Je… je voulais juste…
— Fouiller ma chambre ? demanda-t-il d’une voix coupante.
Nim baissa les yeux. Elle ne pouvait pas mentir. Pas à lui.
— Où est la lettre ? demanda-t-elle finalement.
Son frère serra les mâchoires. Un silence tendu s’installa.
— Tu n’as pas à te mêler de ça, Nim, déclara-t-il froidement.
— Comment peux-tu dire ça ?! s’emporta-t-elle. C’est… c’est notre vie qui est en jeu !
— Justement. C’est ma vie. Pas la tienne.
Elle sentit la colère et le désespoir monter en elle.
— Tu ne peux pas juste accepter ça ! Tu ne peux pas juste…
— Ça suffit !
Sa voix claqua dans la pièce comme un coup de fouet. Il s’approcha et attrapa Nim par le bras, la poussant fermement vers la sortie.
— Sors d’ici, ordonna-t-il.
— Mais—
— Nim.
Il ouvrit la porte et la fixa avec une intensité qui la fit frissonner. Elle comprit qu’elle n’obtiendrait rien de plus aujourd’hui.
À contrecœur, elle quitta la pièce. Derrière elle, la porte se referma brusquement.
Elle resta un moment dans le couloir, son cœur tambourinant contre sa poitrine. Elle n’avait pas trouvé la lettre, mais elle savait une chose : elle ne laisserait pas son frère partir.
Quoi qu’il en coûte.
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Cher Bouton d’Or,
Il paraît que certaines décisions sont insensées. Qu’elles défient la logique, qu’elles frôlent la folie. Peut-être est-ce vrai. Peut-être suis-je en train de me laisser emporter par une idée qui ne devrait même pas exister. Mais alors, dis-moi… comment faire autrement ?
Je suis allée chercher des réponses aujourd’hui. J’ai fouillé, cherché, retourné ciel et terre. Mais les réponses ne sont pas venues. Elles restent hors de portée, cachées derrière des secrets que je n’ai pas le droit de toucher.
Mon frère est en colère contre moi. Peut-être parce qu’il sait que je ne renoncerai pas.
Peut-être parce qu’au fond de lui, il sait que je suis prête à tout.
Même à l’impossible.
**N.**