Au fil des jours, le silence était passé d’un calme apaisant à une lourdeur difficile à gérer.
Chris se sentait seule. Elle avait assez râlé sur le désordre que Camille étalait à longueur de temps dans sa vie. Le souffle agressif de son ordinateur, sa manie d’attirer les gens comme des mouches et de discuter pendant des heures avec eux, l’odeur du café qui ne quittait plus la maison, et puis ses exigences ! Fais ci, comme ci, comme ça… Sans compter la fatigue que son cœur ressentait à chaque fois qu’il s’affolait parce qu’elle croyait apercevoir Tony du coin de l’œil alors que ce n’était que lui… Il la détournait de son but. Elle aurait dû être heureuse qu’il ait pris le large. Pourtant, c’était net, il lui manquait. Encore un truc qu’il avait détraqué chez elle !
Ou alors, peut-être qu’elle s’était mise à apprécier le silence parce que ça avait été sa seule option quand elle avait quitté la Brigade et perdu Tony. Et peut-être qu’à force d’arpenter les limbes dans tous les sens, elle s’était cachée à elle-même qu’elle ne savait plus vraiment où chercher. Et puis peut-être qu’elle aimait son odeur dans la maison, le bruit des touches de son clavier même si la ventilation de la machine lui cassait les pieds. Et puis aussi, peut-être que c’était rassurant que quelqu’un d’autre lui file un coup de main. Elle n’avait pas à se plaindre de ce côté-là. Il avait mis en lumière beaucoup d’aspects des limbes qui lui étaient passés sous le nez, il avait réussi en peu de temps à l’écarter assez du problème pour qu’elle en perçoive mieux les contours.
Et c’était maintenant qu’elle s’en rendait compte. Maintenant qu’il était coincé à l’hôpital. D’ailleurs, il abusait un peu, il aurait dû être rentré depuis longtemps. Qu’est-ce qu’il foutait là-bas ? On ne restait pas plusieurs semaines en observation pour une coupure !
Elle se raidit en entendant frapper. Elle posa doucement son verre et se précipita à pas de loup vers sa chambre. Ras le bol de dire aux gens que non, Camille n’était pas rentré.
— Vue !
Elle fit volte-face et trouva Camille dans l’embrasure de la porte. Il portait l’une des dernières tenues qu’elle avait fait passer par la voisine. Est-ce qu’il avait grossi ou est-ce qu’elle se faisait des idées ? En voilà un qui avait pris du bon temps alors qu’il était censé souffrir et frôler la mort !
— Comment ça, vue ? demanda-t-elle d’un air outré.
— Tu ne vas quand même pas me dire que tu t’es caché à chaque fois que quelqu’un est venu à la maison ? ironisa-t-il.
— Et alors ?
Elle se rapprocha de lui tandis qu’il entrait. Son teint était toujours aussi clair, l’hôpital et la douleur ne semblaient pas avoir terni l’éclat de son regard et son aura trop brillante. Ses cheveux blonds étaient moins soignés qu’au premier jour et devenaient un peu trop longs.
— Montre ta cicatrice, demanda-t-elle en baissant les yeux à l’endroit de sa blessure. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ça ne se refermait pas ? Ça s’est infecté ? C’est moche ?
— Non pourquoi ? fit-il, surpris.
— Tu as pris ton temps pour rentrer !
— C’est le doc, il tenait à ce que je reste jusqu’à ce qu’il puisse enlever les points. Eh, tu fais quoi, là ! rit-il.
Il retint ses mains tandis qu’elle essayait de soulever sa chemise. Ça lui faisait tout drôle qu’elle le déshabille comme ça. Il s’était attendu à ce qu’elle soit froide et distante, à ce qu’il faille l’apprivoiser pas à pas, à ce qu’elle le menace encore de le jeter dehors, mais non. Il lui avait manqué, il le sentait. Ça lui faisait chaud au cœur.
Il lâcha ses mains et défit lui-même les boutons pour dévoiler la plaie, mais doucement, joueur. Elle soupira et tenta d’accélérer le mouvement. Elle n’avait pas envie de jouer avec lui, elle voulait voir.
Son regard glissa sur son torse, ses doigts frôlèrent innocemment son ventre. Non, il n’avait pas pris de poids… Elle observa la cicatrice, elle était nette et rassurante. De l’histoire ancienne.
— Tout ça pour ça, ironisa-t-elle en reculant.
— C’est ce que je répète depuis le début. C’est trois fois rien ! Je suis censée mettre une crème tous les jours pour estomper la marque, je vais devoir la demander aux échanges. Elle a déjà été acceptée, ça ne devrait pas poser de problème. Tu me masseras ?
— Là où elle est placée, je doute que ce soit nécessaire, ironisa-t-elle. Oublie ça.
Comme elle s’éloignait, il la retint.
— Je t’ai manqué ?
— C’était des vacances.
— Et pour de vrai, tu as des choses à me raconter ?
— Tu as du travail, éluda-t-elle en lui montrant les cubes de données sur son bureau.
— Ah, oui. Tu as cinq sorties que je n’ai pas passées en revue, c’est ça ?
— Six, avec celle où je suis allé chercher les médicaments. J’ai noté deux-trois trucs bizarres, je t’ai pris des photos.
— J’espère que tu as arrêté de me faire des gros plans de monstres, dit-il en allumant sa machine. J’ai horreur de ça.
— C’est pour ton éducation.
— Techniquement, ça ne m’est d’aucune utilité. Alors c’est bon, merci.
— Petite nature…
— Prends ma Terreur, on en reparle après.
Elle secoua la tête. Immobiles tous les deux devant l’écran, ils attendirent plusieurs minutes que l’ordinateur se réveille.
— J’ai réfléchi à un truc pendant que j’étais à l’hôpital, j’ai eu une idée… j’aurais une commande à te passer, souffla-t-il.
— Mmh ?
— Je vérifie quelques détails et je te dis ça après.
— Ok…
C’était lent, c’était horriblement lent. Camille sentit qu’il allait perdre patience.
— Pourquoi tu l’as éteint ? râla-t-il. J’espère que j’ai rien perdu…
— Ça fait un bordel pas possible. Ça me gêne.
— Je sais. Je vais régler ça. Ça ne peut plus durer. Je…
On frappa à la porte. Chris grimaça. Camille repoussa ses explications pour plus tard et quitta le bureau pour aller ouvrir.
Plus sérieusement, très sympa tout ça. Il y a un moment où il y a un mélange de point de vue, j'ai réussi à suivre mais j'aibtrouvé ça bizarre. Sinon, bah, le suspense là, le suspense !
À bientôt <3
Allez, je vais poster la suite, tu as assez mariné ! <3
Merci pour tes retours et à bientôt !